El Hadji Abdou Aziz Ndieguene,
Un modèle d’amour et de sagesse dans la spiritualité,
« Un fidèle ne doit point croire en Dieu (swt) par peur du châtiment mais par amour pour Lui (swt) ¹»
El Hadji Abdou Aziz Ndieguene
El Hadji Abdou Aziz Ndieguene communément appelé Mame Aziz est né en 1926 au quartier Keur Mame El Hadji de Thiès (Sénégal) et est disparu ce 20 janvier 2017 laissant un grand vide dans la cité religieuse de Keur Mame El Hadji. Il est le fils cadet et khalife du missionnaire, le sage homme de Dieu (swt) Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene; et de la valeureuse et pieuse Sokhna Maguette Ndiaye issue d’une grande famille lébou située dans le département de Rufisque. Sa vénérée mère s’était rendue à Thiès pour accompagner sokhna Amy Diba, première épouse d’El Hadji Ahmed Sakhir Ndieguene dit Mame Aladji ´´boroom piliyane bi´´. Mame Aziz est donc, avec son grand frère ainé de même mère, Abdou Karim décédé à bas âge, l’un des derniers enfants de Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene. De ce fait, il y a une différence d’âge considérable entre Mame Aziz et son père que l’on voyait en tout temps accompagné de lui durant ces derniers jours. Cette différence d’âge symbolisait un moyen de rapprochement entre un père en fin de vie et un fils qui espérait profiter de l’amour et de la sagesse d’un père. Il était intrinsèquement lié à son père comme Mame Aziz nous le rappelle très souvent.
Ses épouses pures et vertueuses sont sokhna Penda Mbaye de Keur Mame El hadji (Thiès), Sokhna Wade de Khombole (Thiès), sokhna Yacine Gueye du village de Beude (Tivaouane) et Sokhna Yacine Ndoye de Dakar.
Son homonyme est le fils de Cherif Sidy Ahmed dont la relation sur le plan cultuel et culturel avec Tafsir Ahmadou Barro était connue de tous. Cherif Sidy Ahmed jouera un rôle déterminant dans sa formation et dans l’installation de ce dernier à Thiès suite à une vision lors de ses nombreuses veillées nocturnes. Cherif Sidy Ahmed était un illustre homme de Dieu (swt) et petit-fils du prophète Mohamed, il était basé à Rufisque pour perpétuer l’œuvre du Guide (psl). Il était renommé et respecté de par sa dimension et beaucoup de nos marabouts les plus connus de l’époque, comme Seydi Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Ibrahima Niass, ont eu à entretenir avec Cherif Sidy Ahmed des relations très profondes.
Comme à l’accoutumé, Mame Aziz fut initié par son père dès son très jeune âge à l’apprentissage du Coran et des sciences religieuses en général. Naturellement, sentant ses derniers jours arrivés avec le poids de l’âge, son père confia son éducation et sa protection à son frère aîné Mame Aladji ´´boroom piliyane bi´´ qu’il considère comme un père avant d’être son grand frère. À la disparition de son père, alors âgé de 10 ans, Mame Aladji l’envoya à leur terre d’origine du Saloum à Kassas plus précisément auprès de grands érudits pour compléter son éducation spirituelle. La première chose qui étonna ses condisciples était sa précocité et son intelligence à l’assimilation des savoirs religieux. À l’âge de 16 ans, Mame Aziz était déjà devenu une référence dans son domaine maîtrisant la plupart des formes de savoirs exotériques et ésotériques. Il rentrera ensuite à la maison familiale s’occuper comme la plupart de ses frères et sœurs des travaux champêtres et de l’enseignement des sciences religieuses aux disciples.
Dans nos sociétés actuelles, les relations entre frères et sœurs connaissent des tournures complexes. Le cadet ne respecte plus son aîné, du moins le degré de respect dépend en grande partie du niveau d’ascension sociale des uns et des autres. De toute évidence, nous avons hélas perdu ces valeurs authentiques de respect et de reconnaissance ! Pourtant de tout le temps, Mame Aziz n’a ménagé aucun effort pour obéir aux ordres et aux recommandations de ses frères et sœurs entraînant une affinité réciproque. Il était, entre autres, à leurs services, leur missionnaire, leur confident, leur homme de main, leur ultime recours, pour tout dire un homme vaillant sur qui ils peuvent toujours compter. Sa jeunesse, sa bravoure de même que son savoir feront de lui un des responsables sur le plan spirituel, culturel et social pour la plupart des jeunes de la cité de Keur Mame El hadji.
Sur le plan spirituel, le faites que Mame Aziz soit fils cadet d’un père qui est lui-même un fils cadet, est un signe d’héritage spirituel selon certaines traditions soufies. Cette assertion est vérifiable dans plusieurs textes soufis. Pour dire que, comme son père, Mame Aziz a maîtrisé le soufisme qui est le modèle unique du tidjanisme. Des érudits tel que Mame Aladji tout comme ses autres frères ont reconnu en lui la dimension incommensurable de sa pratique du soufisme. Il s’est dès son plus jeune âge lancé à la découverte du Seigneur (swt) par sa spiritualité. Si la volonté divine pousse un esprit à percer le mystère divin, inutile de vous dire que cet esprit sera guidé vers Le tout puissant (swt) qui égare qui Il (swt) veut et guide qui Il (swt) veut [S14V4]. Il nous dit souvent : « je suis arrivé à un stade dans lequel il n’y a que la lumière divine qui incombe pour moi. C’est pourquoi aujourd’hui je souhaite plus que tout Sa (swt) rencontre. Mais nous savons que notre mission sur terre n’est pas encore terminée et je suis tenu d’y rester aussi longtemps que le veut Le souverain (swt) ». Ceci montre toute la dimension spirituelle de Mame Aziz qui a atteint le stade du renoncement de tout ce qui est futilité dans ce bas monde.
Voici quelques points saillants et non exhaustifs de son évolution spirituelle qui ont fait de lui un homme de Dieu authentique:
L’amour pour le « Halwa » ou retraite spirituelle communément appelé dans le soufisme: le détachement au monde concret au profit du monde intelligible. C’est une sorte d’élévation spirituelle, accompagnée toujours de prières. Entre ses 25 ans et 60 ans, il passa pratiquement beaucoup de temps à cette forme de vie spirituelle. C’est ce qui explique réellement sa dévotion intense au monde soufi. Malgré son âge avancé, cette pratique est encore d’actualité. Il a aussi un amour profond pour le Saint coran et la sunna qu’il maîtrisa dès son jeune âge. Évidemment pour le soufi, la maîtrise de ces deux domaines ne suffit pas si la pratique ne suit pas. Par conséquent, il nous rassure autant dans ses dires que ses gestes qui nous dévoilent des signes de piété et de perfectionnement propres aux grands soufis. Nous ne pouvons laisser de côté son amour pour la tidjaniya. Son grand frère et marabout Mame Aladji l’initia à la voie de la tidjaniya et fera de lui un maître spirituel à travers un enseignement théorique et pratique de haute facture. Il est important de souligner que Mame Aziz est un homme de Dieu qui possède ce que l’on nomme dans le monde soufi « tasamah » qui se traduit par la tolérance et « tahwa ». Son amour pour l’Élu (psl) le poussa à effectuer le pèlerinage à la Mecque au moins 7 fois dans sa vie. Pour résumer le tout, le concept de « Ìmàn » ou la foi constitue en réalité sa force. Il nous a toujours souligné : « Qu’un fidèle ne doit point croire en Dieu (swt) par peur du châtiment mais par amour pour Lui (swt). Et cet amour n’est possible que si on essaie de suivre les recommandations d’Allah (swt) par l’intermédiaire des enseignements de son prophète Mohammed (psl). Ne négligez jamais la prière, le coran et le « wird » parce que ce sont trois choses qui nous mettent en parfait rapport avec notre Seigneur (swt) ». Ceci montre en quelque sorte la conviction que le saint homme possède en islam à travers le soufisme.
Dans le même ordre d’idées, relevons que Mame Aziz est l’un des précurseurs de la « Ziarra » annuel de Kassas (Saloum) où Cheikh Oumar Foutiyou Tall rencontra son grand père Mame Medoune Ndieguene pour l’initier à la voie tidjane. Cette rencontre symbolique entre le père de la tidjaniya en Afrique de l’Ouest et Mame Medoune est un point de repère situant sans nul doute l’authenticité de la famille Ndieguene de Thiès parmi les familles d’obédience soufie. De plus, toutes les grandes figures religieuses les plus connues du Sénégal et de la sous-région ont attesté de cette authenticité qui doit nous rappeler notre objectif de missionnaire de la religion musulmane nous jeunes de cette famille. Il faut dire aussi que ce lieu situé au cœur du Saloum est avec d’autres villages environnants, l’un des berceaux des ancêtres de la famille Ndieguene de Thiès sur une longue lignée. Cette activité qui constitue en quelque sorte un retour aux sources demeure aujourd’hui l’un des activités phares de la cité de Keur Mame El Hadji après la célébration de la naissance du Guide (psl). Rappelons que, durant son enfance, Mame Aziz a passé près de 6 ans en ces lieux en étudiant et travaillant dans les champs situés à côté du Mausolée de son grand père Mame Medoune. Cet évènement c’est aussi l’occasion de rendre hommage à ses illustres ancêtres qui ont œuvré pour l’épanouissement des âmes à travers l’islam.
Père, grand père, arrière-grand-père, patriarche de la famille Ndieguene de Thiès et en un mot héritier actuel de Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene, Mame Aziz a su porter haut le flambeau de ces prédécesseurs malgré son âge avancé. Il mène une mission de protection des valeurs intrinsèques, de rehaussement des esprits sur le plan spirituel et social et aussi de régulateur comme chef de famille. Dans cette noble mission, il bénéficie de l’aide de tous ses enfants à commencer par Serigne Mounirou Ndieguene actuel khalife de Mame Aladji. Il est difficile de cerner toutes les facettes de sa mission car sa vie peut être comparée à un champ dont il est impossible de labourer tout le terrain.
Repose en paix cher patriarche El Hadji Abdou Aziz Ndieguene fils cadet de Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene.
Daouda Ndieguene Ibn Assane Ibn Mame Aziz,
Et Votre insignifiant disciple, Assane Ndieguene Ibn Aziz Ibn Mame Wahab.