El Hadji Cheikhou Oumar Ndieguene,
Un fidèle serviteur de la religion musulmane,
Au sein de la cité religieuse de Keur Mame El Hadji de Thiès (Sénégal), il a joué un rôle de métronome lénifiant les relations sur le plan religieux et social aussi bien au niveau interne qu’externe. Il a mené une mission de raffermissement des cœurs avec diplomatie, audace, bravoure et courage préférant servir sa communauté plutôt que sa propre personne. La vie d’El Hadji Cheikhou Oumar Ndieguene, habituellement appelé Mame Cheikhou, a été marquée par de nombreux caractères nobles et exemplaires comme la piété, l’humilité, la modestie et la fidélité. Inutile de vous dire que cerner une personnalité de cette dimension devient très vite un exercice périlleux pour un insignifiant disciple d’autant plus que le saint homme a été d’un renoncement édifiant. À travers cette contribution, nous souhaitons lui rendre hommage en mettant en évidence quelques points saillants qui ont marqué sa vie pleine d’enseignements qui à coup sûr est un modèle pour inspirer les jeunes générations.
Mame Cheikhou est né vers 1905 au quartier Keur Mame El Hadji de Thiès. Son nom fut choisi par son homonyme lui-même, le plus grand propagateur de l’islam en Afrique de l’Ouest, celui qui guida plusieurs princes de l’ombre à la lumière, je veux nommer le savant guerrier El Hadji Oumar Foutiyou Tall. L’organisation architecturale sur le plan religieux et social de l’époque du dit quartier lui a prévalu une formation spirituelle de base solide. Tout d’abord, il fut initié par son père, un des premiers imams et prédicateurs de la ville de Thiès, en l’occurrence le rédempteur Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene. Son vénéré père vit en la personne de la mère de Mame Cheikhou, Sokhna Yaye Sarr, une épouse dévouée et patiente. Il se rendit plus tard dans plusieurs localités du pays dont la ville de Louly Ngogom située dans la communauté rurale de Sandiara pour compléter ses connaissances. Très tôt, Les dignitaires et autres responsables de Thiès décelèrent en lui des capacités intellectuelles en matière d’organisation et de discernement avec un sens du protocole hors du commun.
Pour se situer par rapport à la dimension spirituelle de Mame Cheikhou qui fait partie de ces hommes de Dieu (swt) dotés d’une modestie et d’une discrétion légendaire, il a fallu faire des recherches très approfondies. Ces recherches nous ont montré qu’il fut pressenti vers la fin des années 1980 pour être le président des imams du Sénégal grâce à son savoir, sa haute spiritualité, sa diplomatie et sa véracité. Il déclina ce rôle noble à cause du poids de l’âge qui commençait à se faire sentir. Il exerça pendant plusieurs années le rôle de Cadi ou juge musulman au tribunal régional de Thiès. L’objectif des Cadis est de régler pacifiquement les litiges liés aux mariages, les divorces, la succession, en un mot les conflits sociaux. Aussi, Mame Cheikhou a fait partie des imams de la grande mosquée de la cité religieuse de Keur Mame El Hadji. Concrètement, occuper ces différentes fonctions demande des connaissances approfondies dans les sciences du coran, des hadiths, de la jurisprudence et autres. Ceci nous montre qu’il atteignit une certaine dimension spirituelle attestant d’un immense savoir digne de celui des grands érudits de son époque. Mais ce qui est grandiose est que tout son savoir ne fut utilisé que pour l’avancement et la bonne marche de l’islam à travers le khalifa de son frère aîné et complice El Hadji Ahmed Sakhir Ndieguene dit Mame Aladji ’’Boroom piliyane bi’’. Il disait à l’occasion : « mon savoir est à considérer comme un fagot d’herbe caché secrètement quelque part. À chaque fois que mon frère Mame Aladji en a besoin, j’en sort une brindille pour lui rendre service ». Quiconque tenta de séparer les deux compagnons de toujours a sûrement échoué, car leur proximité remonte à l’époque de leurs mères.
À la disparition de son père, il contribua significativement à la relève aux côtés de Mame Aladji. Il fut exclusivement un bras droit, un homme de confiance, un conseiller, bref un fidèle compagnon et allié du khalife. Leur complicité légendaire, nous rappelle celle du duo de l’éclaireur (psl) et du véridique. Nous nous rappelons toujours l’une de ses célèbres déclarations visant à solidifier les relations internes au sein de la cité religieuse et à renforcer au passage sa fidélité envers ’’Boroom piliyane bi’’. Il disait : « nous les frères de Mame Aladji, nous avons pour but ultime d’aider notre marabout, notre père et notre grand frère Aladji Modou pour le succès de sa noble mission qui, par ricochet est la nôtre. Alors, celle ou celui qui veut le nuire, devra d’abord passer par nous ses frères et sœurs ». Sa fidélité est de telle sorte qu’il n’a jamais dormi en dehors de la cité religieuse excepté de très rares occasions comme son pèlerinage à la Mecque en 1957.
Régulateur social et travailleur dans l’âme, il était incontestablement par symétrie si l’on peut dire l’ambassadeur du foyer religieux de la famille Ndieguene auprès des chefs religieux, politiques, coutumiers et dignitaires du pays. Il était aussi le porte-parole de la famille Ndieguene de Thiès. Son fils Serigne Ahmed Ndieguene nous raconte qu’en présence d’une haute autorité dans la cité religieuse, il arrivait que l’amorçage du protocole soit retardé en attendant l’arrivée de Mame Cheikhou prouvant ainsi son importance dans la gestion relationnelle. Quel que soit la délicatesse de la mission qu’on lui confiait, il était toujours accoisé et s’armait de principes tels que la sagesse, la courtoisie, la patience, l’écoute et la compréhension de l’autre qui sont indispensables pour faire aboutir un dialogue. Le Tout puissant (swt) a dit à la lumière (psl) dans le verset 125 de la sourate 16 ’’ Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur (swt). Et discute avec eux de la meilleure façon.’’ D’un autre côté, Mame Cheikhou était connu pour être un homme de poigne et juste envers les personnes qui jouent les trouble-fêtes. Dans ses déplacements et dialogues, son objectif ultime était de contribuer à la consolidation de la noble religion musulmane à travers le coran et la sunna.
Dompter son âme afin qu’elle se sacrifie pour une noble cause ! Travailler dans l’ombre pour servir et ne pas se servir ! Prioriser l’intérêt général et pas ses intérêts personnels ! Voilà des qualités rarissimes qui ont symbolisé la vie et l’œuvre d’El Hadji Cheikhou Oumar Ndieguene. Il a mené les tâches que la société lui a confiées avec assurance, n’attendant rien en retour. Au vu des innombrables crises que traversent nos sociétés actuelles, nous nous posons la question de savoir est ce qu’il existe encore le sens du sacrifice pour faire aboutir une bonne cause ! Si oui, ils sont très peu à pouvoir prétendre posséder cette qualité noble qui va à l’encontre du voyez-moi et du folklorisme. Une chose est sûre, pour sortir de notre précipice, notre société a besoin d’acquérir des valeurs comme celles d’El Hadji Cheikhou Oumar Ndieguene, un authentique serviteur de la religion musulmane.
Votre insignifiant disciple,
Dr Assane Ndieguene Ibn Aziz Ibn Mame Wahab