Suppression du poste de premier ministre, Macky Sall anticipe sur 2022
Comme à l’accoutumée, le président Macky Sall a encore profité de la formation du tout nouveau gouvernement qui tient ce mercredi 9 avril son premier conseil des ministres, pour vendre deux choses aux populations. Il s’est agi du « recentrage autour des priorités déclinées en cinq grands axes » et « du resserrement organique ou de la taille du gouvernement ».
Sur ces deux produits vendus à grands coups médiatiques par le Premier ministre, ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence, ayant en charge la transition vers la suppression du poste de Pm à l’assemblée nationale, une fois de plus, les candides citoyens ont été abusés.
A propos du « recentrage autour des priorités » la nomenclature du gouvernement ne reflète pas du tout cela. En guise d’exemple, le ministère de l’économie des finances a été saucissonné entre autres. Pour ce qui est du « « du resserrement organiques ou de la taille du gouvernement » passé de 39 membres à 35 ; il faut avouer qu’il s’est agi surtout d’un frisson.
Le décor, ainsi campé, nous allons embrayer sur la lecture politique des actes posés dans la formation de l’attelage gouvernemental du septennat.
La première qui est d’une importance capitale reste sans aucun doute la suppression décidée du poste de premier Ministre. Un acte politique que l’on semble habillé d’un manteau taillé sur les habits d’efficacité ou de célérité dans la conduite du travail dévolu au gouvernement et par ricochet de l’administration sénégalaise.
Or, il est utile de rappeler que le premier Ministre est responsable devant le parlement comme il a en charge la défense de la politique définie par le président de la République. Mais, n’oublions surtout pas le fait que l’assemblée nationale est l’organe de contrôle du gouvernement dirigé par le Pm avec possibilité de vote d’une motion de censure pour faire tomber le gouvernement au besoin.
A partir de ce moment, en enlevant le poste de chef du gouvernement, le président de la République ôte le pouvoir de sanction du gouvernement par le parlement et en même temps garde son pouvoir de dissolution de l’assemblée nationale comme stipulée dans la constitution.
Or, au Sénégal, les citoyens avertis ont, dans leur écrasante majorité, déploré les pouvoirs exorbitants concentrés entre les mains d’une seule personne, le président de la République. Donc, en renforçant ses pouvoirs, il s’inscrit en faux contre les aspirations de ses compatriotes en termes d’équilibre des pouvoirs dans une démocratie qui se respecte.
Deuxièmement, du point de vue du calendrier électoral avec des élections législatives attendues en 2022, en anticipant dès le départ du quinquennat, sur la suppression du poste de Premier ministre, le président Macky Sall ne cherche-t-il pas à régler en même temps tout risque de cohabitation en cas de défaite ?
En fin, étant toujours secrétaire général de l’Alliance pour la République, la question de sa succession s’est invitée au débat politique même avant sa réélection du 24 février. Des coups bas entre personnalités politiques de son camp, des remous au sein de certains partis alliés etc l’ont poussé à s’inspirer de la tactique politique de l’ex président de la République Abdou Diouf lorsqu’il a fait face aux barrons du parti socialiste ; en supprimant le poste de Premier ministre pour être le seul maître de la situation. Alors, en faisant sienne la solution du président Abdou Diouf presque 40 ans après et dans un contexte tout à fait différent, le pari semble bien être risqué. Mais bon, laissons le temps au temps.
René Ndao
Suppression du poste de premier ministre, Macky Sall anticipe sur 2022
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