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Chronique de Babs : Souveraineté et Coronavirus

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« Les Etats non pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Voilà la boutade que le président Me Abdoulaye Wade a eu à lancer lorsque le Sénégal a décidé de rompre avec la Chine Taïwan pour renouer avec la Chine Populaire. Sacré Maître Wade.
Maître, en instituteur ou enseignant expérimenté dans la marche du monde, a voulu donner à ses jeunes compatriotes la leçon à retenir. Car, ayant constaté, au moment où il a pris la décision de rétablir les relations de coopération avec la Chine populaire au détriment de Taïwan, il a reçu un volet de bois vert.
Des sorties dans la presse ont posé le débat en se demandant si le Sénégal ne perdait pas au change. Mais, c’est surtout en bons sénégalais que certains émotifs sont allés jusqu’à poser ce choix diplomatique en termes de « Koleré » ou gratitude à l’endroit des Taïwanais.
Avec l’avènement de la pandémie du Coronavirus dans le monde, la France, pays souverain, dont le président de la République défend sans état d’âme ni trouille, les intérêts de ses compatriotes, a décidé de cracher sur l’exclusivité des parts de marché sur la fourniture de médicaments au Sénégal.
Ceci, au nom des intérêts immédiats de la France qui ne peut plus fournir au marché sénégalais des médicaments dont il aurait grandement besoin pour ses populations.
Que des « amis » de longue date crèvent, n’émeut guère la France car : « Les Etats non pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », une leçon de Me Wade qui sera, une fois pour toute, bien assimilée et bien comprise par le gouvernement du président Macky Sall.
Ceci justifie : dès son accession à la magistrature suprême, le président Wade s’est engagé à affranchir le pays du giron français en diversifiant les relations diplomatiques du Sénégal en fonction de l’évolution du monde.
Une camisole de force qui, de l’indépendance jusqu’à son élection comme président du Sénégal, a fait que dans beaucoup de domaines, le pays a accusé du retard.
Ainsi, au tout début des indépendances en Afrique francophone, toute haute personnalité africaine qui allait en mission partout ailleurs dans le monde, passait par Paris à l’aller comme au retour.
Au-delà des contraintes liées aux lignes desservies par les compagnies aériennes, l’obligation de rendre d’abord compte au Quai d’Orsay avant de s’envoler pour son pays d’origine, fut une exigence.
Une logique néocoloniale de l’époque qui a été remise en cause par le président du conseil du Sénégal, Mamadou Dia.
De retour d’une mission, il a fait escale à Paris, pour ensuite prendre son vol pour Dakar. Il avait décidé de ne rencontre compte qu’au président de la République du Sénégal, Senghor, qui l’avait envoyé.
Ce respect de soi, cette fierté légendaire du sénégalais, jaloux de sa souveraineté qu’il incarnait lui a valu d’être catalogué comme un obstacle devant les intérêts français au Sénégal. Alors, il fallait à la première occasion agir pour l’empêcher de nuire.
C’est donc en homme averti et en toute logique que le président Abdoulaye Wade refusa de continuer à mettre tous les œufs du Sénégal dans un même panier, la France. Il a ouvert le Sénégal aux vents de tous les peuples du monde avec qui, il jugeait pouvoir coopérer en toute souveraineté pour apporter un plus dans le développement de notre pays.
Pour montrer son choix irréversible dans la diversification des partenaires du Sénégal aussi bien dans sa coopération économique que militaire ; des bases militaires françaises à Dakar sont fermées et les troupes retournées en France. Un signal fort pour tous les autres partenaires du Sénégal.
Des actes qui ont fait qu’au-delà d’une politique intérieure non exempte de reproches, le président Wade était devenu un ennemi à abattre.
Car, aux yeux de l’hexagone, il a eu l’outrecuidance « d’humilier » la France, en la rangeant à la même enseigne que les autres partenaires du Sénégal. Aussi, de par ses discours libres dans les instances internationales, le président Wade était entrain de décomplexer les leaders des pays émergents ; ça en était trop.
D’ailleurs, en pleine campagne électorale en 2012, le candidat Wade a eu à lancer : « je suis victime d’un complot international ». Mais, ce fut trop tard pour rediriger l’opinion en sa faveur.
Depuis 2012, l’actuel régime fait la part belle à la France, dans tous les secteurs de l’économie à tel point que des sénégalais peuvent se demander si notre pays n’est pas redevenu un territoire de la France d’Outre-mer.
Toute honte bue, vu l’attitude de la France sur l’approvisionnement en médicaments du marché sénégalais en cette période de la pandémie du Covid 19, les autorités du gouvernement sénégalais et leur chef se doivent de revoir leurs copies par rapport aux relations de « coopération » du Sénégal avec la France. Car, c’est dans les moments difficiles que l’on distingue un ami d’un opportuniste.
L’exemple de « l’amitié » à l’africaine avec le président français, Valérie Giscard Destin, a perdu le président centrafricain Jean Bédel Bokassa qui s’était proclamé empereur.
Ce feuilleton rappelle que le concept « ami » n’a pas la même connotation sociologique en Afrique que dans l’Hexagone.
Largement relaté dans le journal Jeune Afrique, cette histoire de sexe, de diamant entre autres, a eu à défrayer la chronique vers la fin des années 70.
Dans ce contexte de lutte contre le coronavirus, le Sénégal réapprend à ses dépens que : « Les Etats non pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », chapeau bas, Maître Wade ! Comme pour ainsi dire que l’exercice de sa souveraineté en tant qu’Etat ne se négocie pas.
Dépités par la dépendance du Sénégal en matière de production de médicaments, les pharmaciens du Sénégal élèvent la voix pour sommer le président de la République à s’engager sur la voie de la souveraineté pharmaceutique du pays. « S’il y a une volonté politique, nous avons le projet qu’il faut pour régler la question dans les cinq prochaines années » lance le représentant des pharmaciens du Sénégal. Le reste c’est une question de « Fit » et de « Gueum sa bopp ».

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