Chronique de Babs : Du cran, Monsieur le président
Un Général n’abandonne jamais ses troupes en plein combat. Il réajuste ses plans avec une ferme volonté de neutraliser l’ennemi. Devant ses troupes, il s’adresse à eux debout et non effaré dans un fauteuil cossu. Cette posture est un signe d’impuissance, de débandade et pire d’une capitulation.
Sachant que dans une guerre les erreurs se paient cash ; en la déclarant au Covid19, le président de la République avait bien indiqué s’être s’engagé dans la voie de limiter au maximum les dégâts.
Là, la voix des spécialistes de la santé est prépondérante dans ces genres de situation. Ainsi, le président Macky Sall avait lui-même fait comprendre aux populations que ses décisions, ses stratégies de lutte contre le Covid 19 découleront d’avis motivés de ces professionnels.
C’est pourquoi, après son discours décidant de rouvrir les marchés, les lieux de cultes et les écoles, Cheikh Seck, spécialiste de la santé, interrogé à la radio Sud Fm a montré toute sa circonspection et son étonnement devant une telle décision; surtout au moment où la situation de la pandémie au Sénégal est loin d’être circonscrite.
Et dans ses propos, la peur de voir la perte de contrôle sur la pandémie est clairement perçue. « En tout cas, je souhaite que le président de la République ait raison sur moi » a-t-il dit.
Un bout de phrase qui montre que pour cette fois ci, en tous cas, dans ses mesures annoncées lors de son dernier discours ; les arguments des spécialistes de la santé n’ont pas pesé sur la décision du chef de l’Etat tel qu’il l’avait déclaré dès l’entrée du Covid 19 au Sénégal.
Bref, ceci montre tout simplement que le Sénégal ne peut être un pays hors du commun en matière de gouvernance. Certes, chaque pays a ses spécificités culturelles qui déteignent sur son organisation sociale voire sa conception de la vie mais cela n’empêche que dans la démarche de la république, chaque pôle d’influence se doit de rester à la place qui sied.
A partir de ce moment, le président de la République, élu pour conduire les affaires du pays, est tenu par l’obligation d’Equité envers toutes les forces sociales, religieuses ou autres en toutes circonstances et en tous lieux.
Ainsi, les rapports entre ces leaders d’opinion et la république doivent être encadrés, clairs, sincères et non politiciens. Et sur cela, le Sénégal ne saurait faire exception de la règle.
Mais, en choisissant de louvoyer, de manœuvrer ou souvent même de manipuler des groupes de pression à des fins électorales, les tenants du pouvoir au Sénégal oublient qu’ils se tirent déjà une balle dans la jambe.
Car, si dans un pays l’autorité de l’Etat est sabordée pour des intérêts bassement politiques, la vie des populations est en danger à tout point de vue.
Alors, cette volte-face du président de la République sur les mesures conservatoires prises pour lutter contre le Covid 19 renseigne sur la gestion du pouvoir au Sénégal.
En pensant qu’il faut toujours faire plaisir aux leaders d’opinion, groupes de pression pour être dans leur bonne grâce, parfois même, en aliénant l’intérêt supérieur du peuple sénégalais ; nos dirigeants ne rendent service ni à ces groupes, autorités coutumières ou religieuses ni au peuple sénégalais dans sa substance identitaire.
Et d’ailleurs, même dans ces milieux, notre pays est victime d’affairistes de tout acabit qui agissent totalement à l’insu du leader. Il faut neutraliser ces gens et ceux qui leur servent de relais dans les arcanes du pouvoir et qui, nuit et jour, travaillent l’oreille du président de la République pour lui faire peur inutilement afin d’atteindre leurs objectifs partisans. Ce combat pour sauver la république exige du Cran, Monsieur le Président.
Car, tout égard ou respect, accordés par la République aux uns et aux autres sphères de la société, se doit être mutuel et non unilatéral. Cela n’enlève en rien le fait que chacun puisse être à sa place et « les vaches seront bien gardées » au nom de la République. Voilà, une autre leçon à tirer du combat contre le Covid 19.
