25.4 C
Thiès
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LA PANDEMIE DU COVID 19 ET SES ENSEIGNEMENTS A L’AFRIQUE, Une opportunité unique d’oser et de se développer

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Comme annoncé précédemment par votre site de traitement professionnel de l’information, www.thiesweb.info,voici l’article du socio économiste/planificateur, enseignant chercheur, Abdoulaye Idrissa DIEYE.
Cet article, structuré en 7 chapitres, aborde de manière scientifique, médicale, spirituelle, culturelle et le contexte dans lequel survient la pandémie, ses causes, ses différents modes de transmission, ses différents types de cas, ses impacts.

Puis, le docteur DIEYE propose, dans sa réflexion,  des solutions pour, en fin,déboucher sur les perspectives .

LA PANDEMIE DU COVID 19 ET SES ENSEIGNEMENTS A L’AFRIQUE
Une opportunité unique d’oser et de se développer

BIBLIOGRAPHIE

1. Abdoulaye Niang, (Article) L’AFRIQUE DE LA RENAISSANCE AFRICAINE : Une espérance, une ambition, un projet et un combat à gagner, PUUGB, St Louis, 2008
2. Abdoulaye Wade, Un destin pour l’Afrique, L’avenir d’un continent, Paris , Michel Lafon, 2005, p.205
3. Abdoulaye Wade ; ibidem, p. 23-24
4. Achille Mbembe https://sn.glbnews.com/11-2019/52781895380247/
5. Cheikh Anta Diop, Nations nègres et cultures, Présence africaine, Paris, 1979
6. Cheikh Anta Diop, L’unité culturelle de l’Afrique noire Paris, Présence Africaine, 1959, p.10
7. Edgar Morin et Stéphane Hessel, Le chemin de l’espérance, éditions Fayard, Paris, 2011
8. Fathi Ben Mrad , La médiation sociale : entre résolution des conflits et sécurisation urbaine, revue RFAS No 3-2004
9. Georges Jacques DANTON, Discours sur l’Éducation, Paris, 1793
10. Joseph Ki Zerbo, La natte des autres : pour un développement endogène en Afrique, Karthala, Paris, Janvier 1992

INTRODUCTION
Les systèmes sont aussi vulnérables que les humains et le monde a toujours suivi sa marche dès fois vers des destinations inconnues et non maitrisées. Les idéologies se succèderont jusqu’à la fin de temps et seuls sortiront vainqueurs de ce combat ceux qui suivent et intègrent la vérité à la fois scientifique et spirituelle et religieuse.
Actuellement, les pays et les soi-disant puissances tremblent, secoués et jetés au fin fond de la déchéance et de la lamentation.
C’est un sauve-qui-peut généralisé qui vient de s’installer depuis le 02 Mars 2020 dans le monde à partir de la Chine-espérance. Si certains l’appellent la Covid 19, d’autres l’appréhendent comme une crise sanitaire, pire, une pandémie mondiale dont aucune société, aucun continent n’est épargné.
Et pourtant, des épidémies ont eu à secouer le monde ; cependant qu’est-ce qui fait les spécificités de ce virus ? Pourquoi maintenant ? Qu’est venu nous enseigner ce professeur-Covid ?
En toute chose malheur est bon, nous dit l’adage ; mais aussi et surtout c’est dans les lourdes et impérieuses difficultés et épreuves que sortent les lumières du progrès et de la connaissance ; Oui ! de la connaissance de soi et de ses potentialités.
Certes une épreuve, une calamité, appelons-la comme l’on veut, mais voilà une seule et unique opportunité pour l’Afrique et le monde de s’émanciper, de se ressaisir, de dresser un bilan objectif de parcours et choisir entre « se développer sainement ou périr certainement »

I. DEJA UN CONTEXTE MONDIAL CRIBLE DE CRISES
Le monde a toujours connu une trajectoire dynamique et c’est ce qui fait les évènements et les circonstances sont éternelles. En effet, 9 terribles crises hantent actuellement le sommeil mondial. Il s’agit des crises :
-énergétique avec le prix du baril passant de 17 dollars dans les années 1970 à plus de 174 dollars en été 2008 ;
-alimentaire avec une hausse drastique du prix des denrées de première nécessité entrainant la famine et des émeutes ;
-économique et financière ou crise immobilière avec la chute des surprimes contaminant la plus grande société d’assurance américaine AIG;
-climatique et environnementale avec un irrespect notoire envers la nature et l’environnement entrainant la destruction des écosystèmes;
-spirituelle et morale se déclinant en une perte de repères et une dépravation avancée des mœurs ;
-de l’émigration clandestine avec des centaines de milliers de jeunes au voyage ayant fini de transformer l’Atlantique en plus grand cimetière ;
-sanitaire d’abord avec Ebola qui, pourtant, annonçait le coronavirus ;
-du terrorisme avec une incrimination à tort de l’Islam, taxée de religion terroriste ;
-crise de l’eau ; cette eau devenue difficilement trouvable et insuffisante.

A ces différentes crises s’est ajoutée la Covid 19 qui, en réalité, se présente comme le condensé de toutes ces épreuves difficiles.
La maladie du coronavirus est une maladie respiratoire aigüe et sévère, nécessitant une hospitalisation et sans étiologie détectée. L’humanité a connu dans le passé d’autres épidémies et pandémies. En effet, nous avons :
-la peste : la guerre de 100 ans a causé un chaos social total, une totale désorganisation sociale ayant fini par entrainer la peste qui a fait des centaines de milliers de victimes dans le monde.
-Le choléra : Il était devenu en un moment donné de l’histoire le pire mal auquel était confronté le monde.
-La pandémie du virus Ebola : Elle reste fraiche dans les esprits du fait qu’elle avait fini par basculer et vaciller l’ensemble des systèmes de santé.
-Le coronavirus : Il a causé la 4 ème pandémie depuis le début du 21ème siècle en termes d’importation de virus de l’animal à l’homme. La Covid 19 vient de faire plus de victimes que la seconde guerre mondiale.

II. LES CAUSES

Parmi les facteurs explicatifs de cette pandémie, nous avons deux formes : les causes scientifiques et les causes spirituelles et morales.
A. Les causes scientifiques :
Parmi les mobiles explicatifs de la pandémie, certains découlent de la science. En effet, nous avons :
• Des changements environnementaux et climatiques
Partout dans le monde foisonnent des systèmes qui ne protègent pas assez la nature ni ne préservent durablement l’environnement. La chaine existentielle qui existe entre l’homme et la nature est en train d’être cassée par les affres d’un matérialisme béat qui n’a pas fini de dire son dernier mot.
La planète se réchauffe partout ; nos unités de production à très grande échelle ne s’arrêtent presque jamais et les surplus en termes de denrées sont jetées dans les océans pour des soucis mercantilistes.
Nous avons 150 millions de degré au centre du soleil dont nous protège la couche d’ozone perforée et criblée de trous par le gaz carbonique. Ce dernier est produit sur terre, s’échappe et s’élève par manque de facteurs absorbants tels que les forêts et arbres qui sont détruits et dévastés par des actions anthropiques telles le déboisement, les feux de brousse, les coupes abusives de bois, etc.
Par voie de conséquence, cette couche d’ozone ne nous protégeant plus des rayons ultraviolets, laisse passer de très fortes températures qui font fondre les glaciers dans les sites polaires, entrainant ainsi l’élévation du niveau des mers et des océans, et ainsi des inondations.
Celles-ci font naître la diminution des surfaces cultivables, la salinisation des sols, des épidémies, des pandémies, des migrations, des famines, des guerres ; et pire, des virus nouveaux qui se développent et s’installent.

• Une falsification des lois de la nature-mère.
La nature consomme tout ce qui sort de l’homme ; et tout ce qui est issu de la nature est directement consommé par l’homme. Il existe une forte complicité, une interrelation et interpénétration entre les deux.
Et cette nature a prescrit une ordonnance de consommation destinée à l’individu mais que ce dernier a foulée au pied, espérant trouver d’autres réalités, d’autres alternatives, d’autres issues, d’autres modèles.
C’est dans cette logique que l’on s’est permis de tout manger, de tout bouffer, de tout utiliser comme nous le dicte notre intelligence devenue aveugle.
Aussi bien les rapports intimes, la manière de manger, de boire, de dormir, de se protéger, en somme, de vivre en société sont régulés par des normes sociales devenues obsolètes.

• Une densité humaine jamais vécues
La mondialisation est devenue une réalité, une leçon géopolitique que toutes les nations doivent intégrer et pratiquer. En effet, la globalisation est un nouveau système mondial qui tourne autour de l’interconnexion, de l’harmonisation et de l’uniformisation qui vient transformer le monde dans ses aspects économiques (libre échange et libre circulation des personnes et des biens), politique (démocratie, transparence et bonne gouvernance), socioculturel (culture de l’universel) et dans le domaine de l’information et de la communication (développement de la communication et accessibilité de l’information).
Donc, l’on voyage dans tous les sens ; les races, ethnies et mœurs s’interconnectent sans filtre et dans ce brouhaha humain et culturel, les connexions se multiplient, les réseaux se confondent et on se contamine tout.
Le coronavirus aime beaucoup se déplacer grâce à nous ; il aime le corps humain, il aime le tourisme, il aime le transport aérien ; il aime les sociétés hyper connectées comme les nôtres.

Il aime aussi la compacité de notre vie humaine ; nos assemblées, notre promiscuité. Plus de 50% des individus au niveau mondial vivent dans des villes. Et il est clair que cette forte concentration humaine favorise le développement des virus et des épidémies.

• Une surexploitation toxique des ressources
Aucune ressource n’est inépuisable ni éternelle ; sa régénération doit être garantie et protégée pour permettre aux générations actuelles de s’assurer de réelles conditions de vie et de survie, de se doter de capacités de satisfaire, comme disait l’autre, leurs besoins élémentaires de développement. Ceci n’exclut en rien la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ; d’où le concept de développement durable.
Un vrai modèle de développement est à la fois participatif et inclusif ; il ne doit ni exclure ni laisser en rade une quelconque frange de la société.
Aujourd’hui, le maître-mot au niveau mondial c’est la production exponentielle de ressources, de denrées, de matières, de marchandises : produire plus, encore plus et plus vite. Et produire plus ou exponentiellement induit de consommer à suffisance des ressources premières, dès fois sans s’en assurer la régénération.
Et dans cette course à la production, des nids de virus sont dérangés, détruits, déplacés et propagés dans le monde.

• Une pauvreté galopante
Actuellement, 37500 personnes meurent de faim à travers la planète pourtant jamais aussi riche ; toutes les 5 secondes un enfant meurt de faim ; et la famine a fini par toucher un milliard de personnes à travers le monde. La recherche effrénée du matériel (ce matérialisme béat) a fini par épuiser tous nos stocks de sécurité.
La carte dressée par l’anthropologie de la sécurité alimentaire est très sombre et colorée de larmes d’affamés tirant le diable par la queue. L’individu détruit et surexploite la nature parce qu’il a faim ; l’on détruit les écosystèmes marins, écologiques, pédologiques parce qu’il faut avoir quoi mettre sous la dent. La pauvreté est le plus grand frein au développement de la nature et à la préservation de l’environnement.
La problématique de l’emploi des jeunes, la faim, le réchauffement climatique et la cybercriminalité et cyber escroquerie sont les plus grands défis de la mondialisation mais aussi les plus grandes menaces de l’humanité. Et un écosystème dérangé laisse sortir et apparaître toutes sortes de menaces et dangers dont le coronavirus.

B. Les causes spirituelles et morales
Les causes temporelles, scientifiques et rationnelles sont l’arbre qui cache la forêt. Même si cette pandémie est médicale, donc du domaine spécifique de la santé et de la biologie, il n’en demeure pas moins qu’il existe des soubassements socio culturels forts.

• Une colère divine sans précédent
On aime se laver les mains, on aime porter des masques, on est même arrivé à fermer nos lieux de culte parce qu’en réalité Dieu ne reconnait plus ses créatures, celles à qui Il avait fait confiance en leur ayant décerné le grade tant convoité de son représentant sur terre.
En lieu et place du lavage des mains, il nous faut laver les cœurs, leur rendre leur pureté et lumière légendaires. Les masques signifient le fait de fermer la bouche, de savoir quoi dire, quoi divulguer, et de fuir les calomnies. Ces lieux de culte inaccessibles symbolisent un fait et un seul : « Dieu ne veut plus nous voir ».
Il ne s’agit pas d’être oustazes Pape HANE ou Alioune SALLpour savoir que le Créateur a dit : « Tout ce qui vous arrive de catastrophique résulte de ma volonté car vous ne cessez de braver mes interdits, fuyant et dédaignant sans cesse mes recommandations. »

• Une désacralisation de l’éthique
L’éthique, la déontologie et le sens des responsabilités sont les parents pauvres dans les relations humaines et les programmes, projets et plans. En effet, la dimension matérielle et économique a pris le dessus sur les valeurs.
L’éthique, dans son essence et sa quintessence, se définit comme l’esthétique du dedans, la beauté morale qui illumine et scintille dans l’âme de l’individu, le rapprochant ainsi du licite et du dicible et l’éloigne du blâmable et du diable malveillant.
Aujourd’hui, l’individu s’est dessiné ses propres valeurs, ses propres repères, ses propres desseins, caractéristique de l’individualisme et de la pratique de l’égo.

• Une solidarité mondiale agonisante
La solidarité n’est point un vain mot ; elle est le ciment social et sociétal qui permet aux différentes entités humaines de prospérer, de semer l’espoir et l’espérance et de former un même bloc homogène. Sans solidarité, aucune société ne saurait aller de l’avant.
Malheureusement, de nos jours, le « chacun pour soi ; le Bon Dieu pour tous » n’a jamais été aussi réel, vrai et vérifié.
Selon Michel CAMDESSU, directeur du FMI de 1983 à 1987, « le monde est entré en récession en 2008 parce qu’en un certain moment donné il n’y avait plus de solidarité dans les pays occidentaux. »
Les systèmes de santé à l’échelle mondiale sont disproportionnés et entrainant ainsi une fuite des cerveaux et un désert médical dans les pays en voie de développement.
Par exemple, on retrouve plus de médecins béninois en France qu’au Bénin dont les malades sont laissés aux soins d’acteurs de santé démotivés, devant un plateau technique agonisant ; caractéristiques de la plupart des pays en voie de développement.

• Une éducation au point mort
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple », nous dit DANTON . La vérité c’est qu’après l’éducation, le pain est le premier besoin d’un peuple, parce que le pain, son importance, comment s’en doter, comment le conserver ; tout ceci est enseigné dans nos valeurs, donc dans l’éducation.
L’humanité, en ce vingt et unième siècle, vit un obscurantisme idéologique, philosophique et spirituel assez avancé. Les premiers et vrais acteurs de l’éducation ont tous démissionné en ayant cherché à cette éducation qui donne le sens une coépouse : l’argent, les richesses, l’opulence aveugle qui nous appauvrit essentiellement.
L’éducation doit être une éducation à l’adaptation, à la résilience et à l’anticipation. Elle doit nous donner des réponses à ces questions fondamentales que sont : qu’est-ce qu’une crise sanitaire ? Comment arrive t-elle ? Comment l’éviter et la juguler ?

• Une barbarie humaine
Nous rétropédalons sans cesse, nous rétrogradons en permanence sans même nous en rendre compte. Les meurtres, les vols, les viols, les désespoirs et trahisons, les tromperies hypocrites, les tsunamis, les feux de brousse, les incendies criminels, les tueries de jeunes filles en recrudescence, la cyber attaque, la cyber criminalité, la déchéance humaine, les fourberies, les manigances sataniques dans les milieux professionnels, la mal gouvernance, le grand banditisme, cette peur mondiale qui a fini par s’installer dans les cœurs et esprits, ce désespoir rampant et à très grande échelle, ce manque de confiance en soi, ce manque de croyance en soi, ce déclin du leadership, ce bas niveau de développement personnel que de simples cours de vingt heures en la matière ne sauraient rectifier ; tout ceci a fini par tremper l’humanité dans une barbarie qui n’a pas fini de dire son dernier mot.

• Une barbarie du capitalisme
Dans leur ouvrage phare intitulé « Le chemin de l’espérance » , Edgar MORIN et Stéphane HESSEL nous parlent de « barbarie humaine et barbarie du capitalisme ».
Nous sommes en permanence obnubilés que par l’argent, le gain facile, le matérialisme, le bien-être béat et par les 3 S (le sexe, le sang et les sous).
L’argent n’est pas le bonheur mais il peut créer du bonheur, s’il est bien investi. Au lieu d’un bien-être futile et périssable, il nous faut « un mieux-être, un mieux vivre » qui fait de l’argent non pas une finalité mais un vrai moyen, et rien de plus qu’un simple moyen.
Et cet amour des richesses et cette folle thésaurisation nous écartent des investissements personnels et nationaux dans le domaine de la santé pour anticiper des pandémies telles que la Covid 19.

III. LES DIFFERENTS MODES DE TRANSMISSION

A l’heure actuelle de l’évolution de la maladie, il y a quatre modes de transmission :
-par animal hôte : ici, la chauve-souris est un hôte probable des coronavirus.
-par hôte intermédiaire : comme exemples, nous avons la civette pour l’épidémie de SRAS et le dromadaire pour le MERS.
-Contamination de l’homme : la seule consommation de viande infectée (mal cuite ou dont l’origine est malade) ou par contact avec des sécrétions de l’animal.
-par transmission d’Homme à Homme (ou transmission anthropique ou par voie aérienne) : Ici, la personne est infectée par des sécrétions ou avec un objet contaminé ou par des gouttelettes respiratoires ; d’où l’appellation de transmission aérienne.

En ce qui concerne la transmission aérienne, nous avons deux formes :
-La transmission aérienne directe par voie respiratoire ; d’où l’urgence du port du masque et du respect de la distance sociale d’un mètre en zone aérée et ouverte et plus de 1.5m en zone fermée. Ici, le coronavirus entre par les yeux, le nez, la bouche et va aux poumons où il s’installera son QG.
-La transmission aérienne indirecte (le malade touche des objets et qui contaminent d’autres via les microbes déposés sur ces objets-là).
Le coronavirus se métamorphose au gré des circonstances :
-au début, c’était une transmission zoonose (transmis d’animal en animal)
-par anthropo zoonose (c’est l’animal qui le transmet maintenant à l’homme). Cette forme de transmission a donné naissance à la Covid 19, depuis un célèbre marché de bétail de Chine à Hwan.

IV. DIFFERENTS TYPES DE CAS
Plusieurs types de cas ont été découverts :
1. Cas suspect
A. Un patient atteint d’une maladie respiratoire aiguë (fièvre et au moins un signe/symptôme respiratoire (Ex : toux, essoufflement), et n’ayant aucune autre étiologie qui explique pleinement le tableau clinique ET des antécédents de voyage ou résidence dans un pays, zone ou territoire déclarant une transmission locale de Covid-19 au cours des 14 jours précédant l’apparition des symptômes ou ;
B. Un patient souffrant d’une maladie respiratoire aiguë et ayant été en contact avec un cas confirmé ou probable de Covid-19 au cours des 14 derniers jours avant l’apparition des symptômes ;
C. Un patient atteint d’une infection respiratoire aiguë sévère (fièvre et au moins un signe/symptôme respiratoire (ex : toux, essoufflement) et nécessitant une hospitalisation et sans autre étiologie qui explique pleinement le tableau clinique.

2. Cas probable
– Un cas suspect pour lequel le test Covid-19 n’est pas concluant.
– Le résultat du test rapporté par le laboratoire n’est pas concluant.
– Définition d’un cas confirmé
Une personne dont le laboratoire a confirmé l’infection par Covid-19, quels que soient les signes et symptômes cliniques.

3. Cas contact
Un contact est une personne qui est impliquée dans l’un des domaines suivants :
– Fournir des soins directs sans équipement de protection individuelle (EPI)2 pour les patients Covid-19
– Rester dans le même environnement proche d’un patient Covid-19 (y compris le lieu de travail, salle de classe, foyer, réunions).
Un cas contact découle du fait de voyager ensemble à proximité immédiate (un mètre) avec un patient Covid-19 dans n’importe quel type de moyen de transport dans un délai de 14 jours après l’apparition des symptômes dans le cas considéré.
En ce qui concerne le cas contact, on peut remonter le facteur ou la chaine de contamination et la cerner, voire la mettre en quarantaine.

4. Cas communautaire
Ici, il est impossible voire très difficile de savoir le facteur de contamination qui continue de contaminer d’autres individus. Ici, la traçabilité de la chaine de transmission pose problème.

V. LES IMPACTS DE LA COVID 19
La Covid 19 en ce qu’elle a constitué une vraie mondiale ayant fini de déstructurer l’ensemble des systèmes a des conséquences multiformes et multidimensionnelles.

A. Les impacts socio culturels
• Une psychose sociale paralysante
La peur est paralysante par essence ; elle nous déstabilise et inhibe toutes nos potentialités. La Covid 19 est venue avec de nouvelles façons de faire, d’agir, de se comporter d’abord avec soi-même et ensuite avec ses semblables. Devant une situation nouvelle, une nouvelle manière d’être s’impose.
Avec le couvre-feu, l’Etat d’urgence promouvant le fameux « Restez chez vous ! », cette distanciation sociale qui est venue remplacer une forte proximité, des masques qui nous défigurent et redessinent nos visages, de nouvelles faons de se saluer à la place de notre salamalek ; autant de choses qui ont fini par installer dans l’imaginaire du sénégalais une peur.

En somme, les impacts sociaux de la Covid 19 se résument en :
– une limitation des déplacements ;
– un confinement total ou partiel selon les spécificités des pays ;
– des hôpitaux débordés et des personnels sous pression et dès fois obligés de travailler même enceintes et/ou malades ;
-des structures de santé désertées par les malades souffrant d’autres pathologies par peur de contracter la Covid 19 ;
– une négligence et relégation au second plan des autres pathologies pourtant aussi dévastatrices que le coronavirus ;
– une fermeture des écoles et universités incitant les écoliers et étudiants à vivre l’école à la maison. Des mesures correctives seront envisagées telles que la salle des profs à la TFM, etc. ;
– des populations qui acceptent de renoncer à une partie importante de leurs libertés au prix de leur vie et bonne santé ;
– la confiscation des données personnelles, le traçage numérique, etc. qui ne font pas bon ménage avec la liberté au sens olympien du terme ;
– un confinement devenu trop traumatique en termes de restriction des libertés ;
-un traumatisme collectif affectant dangereusement le psychisme collectif par les fake news, les intox, les rumeurs et qui fait fuir les structures de santé ;
-une disponibilité de l’information (on a produit plus d’informations les deux dernières années que depuis la création de l’humanité).
On fait semblant de savoir alors qu’on s’éloigne de la vérité et de la connaissance réelle.

• Un désert médical dans les structures de santé
Cette psychose a fini par installer dans les structures africaines en général et au Sénégal en particulier une autre psychose, celle de se voir contaminer au coronavirus, voire se tester positif. Le malheur c’est que les pathologies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l’hépatite, la tuberculose vont prendre un regain de propagation et continuer leur déflation infernale.

• La fermeture des écoles et universités
Ce désert médical est accompagné d’un désert intellectuel dans les écoles et universités. Pourtant, Victor Hugo avertissait dès le XIX ème siècle (environ 1960) : « Vous ouvrez une école, vous fermez une prison ; vous fermez une école, vous ouvre une prison. »
Et il faudrait profiter de cette occasion que nous offre la Covid 19. Ce qu’il faut enseigner dans les universités c’est la culture entrepreneuriale ; autrement dit, comment bien entreprendre ? Comment créer une entreprise et bien la gérer ? Comment créer des richesses et des emplois, être ainsi au service de son pays et être un bon citoyen ?
Et le coronavirus nous dit que ces astuces sont une main tendue pour bien se relever.

• Une stigmatisation facteur de barrières sociales
Cette stigmatisation n’est que la résultante de cette psychose généralisée. Les premières annonces de cas ont été jugées discriminatoires surtout avec l’origine française de la Covid au Sénégal.
Aussi bien l’origine du malade, sa couleur de peau, son idéologie et terroir de provenance ont commencé à être recherchés. C’est ainsi que les individus ont commencé à se fuir. Ce fil social, ce ciment sociétal qui jadis unissait les individus quelques différentes que fussent leurs origines, a commencé à se briser, à se casser, à se déconstruire, à s’éroder.
Ainsi, de nouvelles classes sociales sanitaires ont commencé à voir le jour : cas suspects, cas communautaires, cas contacts, etc.
Par voie de conséquence, les gens ont commencé à fuir les nationalités les plus infectées, dans les bus, avions et transports en commun.

• Une recomposition sociale à travers de nouveaux liens
Devant cet état de fait, il n’existe désormais que deux camps : les malades et les saints. De nouveaux liens se plantent à l’horizon et un sentiment de sauve- qui-peut généralisé se crée. L’hospitalité, le sens de l’accueil et l’ouverture au tout venant laissent la place à une forme d’égoïsme involontaire, un réflexe sanitaire de protection individuel.

• Un surdimensionnement de la communication
Surtout à l’heure de cette globalisation planétaire qui, dans sa forme rattachée à la communication et à l’information, la communication est devenue vitale, nécessaire, essentielle et constitue une stratégie de premier plan dans la lutte contre la Covid 19.
La communication dissipe le flou, éradique les rumeurs et détruit les fake news. C’est grâce à elle que les deux guerres mondiales se sont terminées.
C’est ce qu’a compris le ministère sénégalais de la santé qui dans sa stratégie, a placé la communication au cœur. En gestion des ressources humaines, l’unité de sens et l’unité de commandement sont importantes du fait qu’elles nous évitent la dispersion, les conflits, les heurts, les rumeurs et la subjectivité.
En un moment donné, ils ont fait du Ministère de la santé celui de la Communication.

B. Les impacts économiques
L’économie mondiale est touchée de pleins fouets : entre diminution des capitaux et investissements, pertes d’emplois, fermetures d’entreprises et une pauvreté chronique qui s’installe, l’humanité est en train de connaitre la pire récession de l’histoire de l’humanité.

• Le retour au protectionnisme économique
Comme rappelé en amont, la mondialisation qui était dans ses heures de gloire est devenue caduque, voire recyclée, obsolète, frelatée, défigurée.
Avec la Covid 19, tous les Etats se « bunkerisent », ferment les frontières, arrêtent les vols et empêchent tous les débarquements au niveau des différents ports. Aussi bien les personnes que les marchandises sont interdites de voyage. Aux Etats-Unis, le pays a procédé à un protectionnisme de niveau 2 du fait que le niveau 1 était longtemps déjà en vigueur.
Aucune économie ne saurait être suffisante, intravertie et espérer prospérer. Ce sont les échanges, les interconnexions et les imbrications commerciales qui donnent au monde sa vitalité, son dynamisme et son luxe.

• Des systèmes de santé débordés
On le sait : il y a une différence criarde entre les systèmes de santé occidentaux et africains. La prévention diminue le taux d’infectés, de décès et atténue par-là le débordement de nos personnels de santé.
Ici, un paradoxe se fait sentir : la santé occidentale est plus nantie, dotée par la technologie médicale et scientifique. Malheureusement, c’est là-bas où il y a le grand nombre de malades et de morts liés au coronavirus.
Cet écart, ce paradoxe réconforte l’opinion selon laquelle la Covid 19 est plus une épreuve et une malédiction divines qu’une simple maladie infectieuse.

• Un génocide dévastateur
Par exemple, en Iran beaucoup de personnes sont mortes de l’alcool susceptible de guérir du coronavirus. Ainsi, avec l’absorption de cet alcool frelaté dans un pays musulman où jadis il était interdit, de lourdes pertes en vies humaines ont été notées, installant une psychose nationale.
Dans les pays développés, chaque jour qui passe, des centaines et des centaines de victimes sont annoncées, estompant ainsi des espoirs, dissipant ainsi des espérances, activant ainsi une lourde machine de fabrication d’orphelins.
Aujourd’hui par exemple (19 Mai 2020), la France vient de franchir la barre des 28.000 morts. Les victimes liées à la Covid 19, sont assimilables à celles des deux guerres mondiales.

• Un séisme économique mondial
Selon M. Bruno Le Maire, ministre français de l’économie et des finances, « la France allait vivre sa pire récession depuis la deuxième guerre mondiale. » Pour un mois de confinement, la France perd 30 points de PIB ; ce qui veut dire 2.6 points de PIB annuel.
L’INSEE plus pessimiste annonce 3 points de PIB perdus par mois.
En France, un plan de relance de 110 milliards d’euros a été créé mais intégrant beaucoup de reports de charges et de coûts pour les entreprises. C’est certes de l’argent mais plus de l’argent annoncé qui rentrera plus tard. Ainsi, on note :
– Des entreprises aussi bien des états sous-développés, comme atteintes de la Covid, sont placées sous respiration artificielle financière.
– Une diminution des transferts financiers de la diaspora, estimés à plus de 1300 milliards ;
– La fermeture de certaines entreprises ;
– Des problèmes de paiement de salaires ;
– Une diminution du taux de croissance à hauteur de 3% au lieu de 6% ;
– Une baisse des investissements surtout dans l’immobilier ;
– Un chômage de masse avec des licenciements d’employés bien que l’Etat à travers Force Covid 19, ait décidé de les accompagner pour pallier ces licenciements.

• Des collectivités territoriales dépassées
Aussi bien les structures de santé que les collectivités territoriales sont débordées, se débattant ainsi dans une recherche désespérée de solutions, d’alternatives endogènes et locales sans grande efficience. Les moyens fondamentaux et nécessaires à l’éradication de la faim, de la soif, l’assurance d’une quiétude financière ne suivent malheureusement pas.
Entre Fonds de dotation de la décentralisation, l’impôt local sans grande consistance, un civisme fiscal agonisant, la collecte de fonds risque l’infection.
Et ces collectivités territoriales ont assez d’arguments pour penser activement un après-Covid et réinventer un avenir plus radieux dont les fondamentaux seront des initiatives locales, des solutions nationales, des projets financés avec des fonds issus de la production de nos propres ressources financières à travers une économie boostée, dynamique et entrepreneuriale.

C. Les impacts économiques de la Covid 19 dans les collectivités territoriales

Plus spécifiquement, les collectivités territoriales sont aussi bien structurellement que conjoncturellement atteintes par la Covid 19. En effet, il s’agit de :
-La diminution de la collecte de l’impôt local ;
-Un budget local revu à la baisse ;
-Une redéfinition des priorités financières dans la nomenclature du budget ;
-des systèmes de santé débordés de malades du coronavirus ;
-une recrudescence des décès ;
-une fanfaronnade en termes de réformes de résilience et d’adaptation ;
-un séisme économique local ;
-des collectivités territoriales dépassées et sous perfusion ;
-un désert médical dans les structures de santé pour les pathologies chroniques ;
-une baisse des rentrées de fonds dans les structures de santé ;
-l’accentuation de la pauvreté du fait de l’état d’urgence ;
-quelques poches de famines qui commencent à menacer.
Par voie de conséquence, des mesures drastiques, osées et audacieuses s’imposent en toute urgence.

VI. LES SOLUTIONS
L’heure est plus que grave et la démarche spectatrice n’a jamais été une solution ni une niche de celles-ci. En effet, il urge de :
• Créer une unité de sens et de commandement
C’est dans les moments les plus difficiles qu’on reconnait le mérite, le génie et la valeur d’un peuple. On ne peut rien construire dans la dispersion et que la pire des dispersions est idéologique, intellectuelle. Dans ce sens, le Sénégal a été très clairvoyant. Son excellence le Président de la République est resté à l‘écoute des experts de la santé.
Dans une crise, il faut que la décision politique s’inspire de la décision des experts. Par voie de conséquence, il faut unifier les sénégalais, unifier leurs positions et stratégies pour agir ensemble. L’on n’affronte pas un lion en rangs dispersés tout en espérant le vaincre et le Covid est pire qu’un troupeau de lions.

• Adopter le Covid organics
A nos jours, aucun vaccin homologué à notre disposition. Il n y a que des traitements (Dafalgan et paracétamol, chloroquine, etc.) mis en œuvre.
Madagascar, pays africain audacieux et déterminé, vient de découvrir l’Artemisia (plante vieille de deux mille ans) et qui proviendrait d’une plante chinoise nommée kingao. Pourtant, elle a toujours existé au Sénégal et soignerait même le paludisme.
Avec les nombreux essais cliniques effectués et le convainquant taux de guérison, le reste de l’Afrique profiterait beaucoup de l’expérience malgache. Par-là, le coronavirus est venu nous dire que les solutions peuvent bel et bien être africaines, locales ou endogènes. Cela coute de croire en nous-mêmes et de nous faire confiance.

• Sensibiliser sur le désert médical
Cette communication ira dans le sens de la gestion de la pandémie. Importante dans les moments de vie normale, la communication devient une priorité, une urgente en temps de crise. Elle permet de tirer ensemble et d’un coup contre l’ennemi.
Le désert médical ne fait qu’agenouiller nos structures de santé et anéantir nos performances en gestion de maladies infectieuses et chroniques.

• Créer une vraie chaîne de solidarité et rendre efficace et opérationnel la Force Covid 19
Actuellement, toutes les initiatives doivent tourner autour d’une seule et même préoccupation : comment faire pour juguler cette famine et ces difficiles conditions de vie sociale liées au covid ?
Aucun peuple ne peut prospérer et atteindre ses objectifs sans solidarité agissante, consistante et dynamique qui s’adapte aux défis et enjeux de l’heure.

• Contrôler la mise en œuvre du PRES
Certains mal intentionnés profitent de la galère des populations pour se servir et non servir le pays. Il faut en toute urgence et avec fermeté remédier à cela. Il faut qu’en Afrique que l’on arrive à criminaliser la corruption, le vol de bétail, le viol qui sont de réels menaces structurelles.

• Motiver davantage les personnels de santé
En Gestion des ressources humaines, on le sait : la motivation du personnel est le secret du succès de toute entreprise. Ces vies qui sauvent d’autres vies, quitte à mourir, doivent bénéficier de gros moyens de protection, un plateau technique gage de performances et de réussites, mais aussi et surtout d’une motivation aussi bien symbolique et financière.
L’on ne peut prétendre soigner et guérir des malades du Covid, gagner cette quiétude et sérénité dans des opérations de chirurgie en pensant à certaines lourdeurs financières.
La précarité tue la précision et la dextérité médicales.

• Respecter les gestes barrières
Il s’agit de se confiner, de procéder à :
-observer une distance sociale d’au moins un mètre et demi ;
-porter un masque et le renouveler toutes les trois heures ;
-se laver les mains à la solution hydro alcoolique ;
-rester chez soi et ne sortir qu’en extrême urgence ;
-éviter les rassemblements.
A l’heure actuelle de l’évolution de la maladie, c’est le meilleur moyen de se prémunir et de prémunir les autres. Le virus ne marche pas ; on le transporte.

• Recruter des médiateurs du covid
On le sait : une crise, surtout aussi dangereuse et inattendue entraîne des comportements extrêmes punissables. Les heurts et différends se multiplient soit entre forces de l’ordre et populations soit entre les individus eux-mêmes.
La médiation dont le spécialiste est le médiateur est fondamentale. En effet, « parmi les métiers de l’intervention sociale de récentes fonctions de médiation se sont largement développées depuis une décennie. Assumées la plupart du temps par des personnes intervenant dans les quartiers dits difficiles, ces fonctions renvoient à une relative hétérogénéité des pratiques et à une pluralité des dénominations de leurs acteurs : médiateur social, médiateur socioculturel, agents locaux de médiation sociale… »

• Décaler les échéances bancaires
Beaucoup d’individus vivent aussi bien l’angoisse du Covid que celle de ne pouvoir honorer ses engagements bancaires suite à un licenciement ou perte d’emploi. Ce fait demande une compréhension citoyenne de la part des banques dont la première et dernière mission c’est de financer l’économie d’un pays ; mais à condition que celle-ci fonctionne à très grande vitesse.

• Insister sur la prévention
L’on ne dépense même pas le centième des investissements consentis dans la guérison lorsqu’on même des opérations de sensibilisation. Dans le cadre du covid, cette prévention passera obligatoirement par le respect des gestes barrières et un auto confinement.
En effet, il faudrait :
-des mesures restrictives des libertés individuelles et collectives telles que la quarantaine, le confinement modéré et responsable des populations ;
-des privations ;
-respecter les gestes barrières ;
-installer de cellules de sensibilisation et de communication de crise pertinentes ;
-limiter les déplacements inutiles ;
-le télétravail dans les milieux professionnels ;
-mettre beaucoup plus de ressources en termes de matériels, RH et logistiques sanitaires au profit des hôpitaux ;
-instaurer un cordon sanitaire ;
-créer des passeports sanitaires indiquant la bonne santé de la personne.

• Relever l’économie tout en évitant le confinement intégral
L’heure doit être au choix entre être en relative bonne santé et mourir de faim.
Une économie ne s’arrête jamais ; elle produit des recettes et des fonds susceptibles de servir à faire face à certains fléaux en financement des plans, programmes et projets.
Dans un pays pauvre et dont 80% de l’économie est informelle, obliger les individus à rester chez eux, presque tout le temps, est une catastrophe rampante.

• Renforcer nos structures de santé
Face à la situation d’urgence de santé publique de portée internationale décrétée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à cause de l’épidémie Coronavirus, le Sénégal a mis en place un dispositif pour une détection précoce des potentiels cas de Covid-19 sur le territoire national et la mise en place rapide d’une riposte organisée et fonctionnelle en présence d’un cas confirmé.
Au sein de ce dispositif, un compartiment essentiel : La cellule d’alerte dont le rôle est de centraliser tous les signaux (signal de potentiels cas suspects), de les analyser et les trier selon leur pertinence et en cas de besoin d’enclencher l’alerte.
Le dispositif est logé dans les locaux de la Direction de la Prévention et constitue une équipe de 7 agents formés.
Il faut recruter davantage de personnels pour disposer d’un trinôme au chevet de chaque malade –médecin, infirmier et aide-soignant).

VII. LES PERSPECTIVES
Le Coronavirus est venu nous chuchoter quelque chose à l’oreille et il faudrait, au-delà d’une simple écoute, comprendre cela. « En toute chose, malheur est bon », avons-nous longtemps écouté dicter nos professeurs. Cependant, « en tout malheur, quelque chose est bon » est tout aussi vrai. Quelqu’un que les malheurs n’ont pas corrigé ne se rectifiera jamais. Ainsi, devrions-nous penser à :

• Remettre en cause la mondialisation
La Covid 19 ne vient pas seulement s’attaquer à des individus et des systèmes mais aussi à des idéologies. En effet, cette pandémie nous montre à suffisance que la mondialisation n’est pas sans reproches, critiques, procès et remise en cause.
Cette globalisation en tant qu’idéologies a trois principales limites :
-elle est floue : elle ne réussit pas à convaincre assez sur ses objectifs fondamentaux ;
-elle n’a pas de plan d’action : l’on ignore qui fait quoi, quand et comment ;
-elle n’a pas de gendarmes en tant que système de coercition qui indique des sanctions en toute équité, quel que soit le niveau de développement du pays ;
-elle ne lutte pas de manière efficace contre le chômage des jeunes et la pauvreté des classes moyennes du fait que l’humanité n’a jamais été aussi riche mais n’a jamais compté paradoxalement autant de pauvres.
« Le changement est une porte qui ne s’ouvre que de l’intérieur », nous dit Tom Peters. Un arbre, quel que soit ses spécificités génétiques, pousse toujours dans le sol et non nous viendrait du ciel. Le vrai changement qui nous mènera au développement est avant et après tout endogène.
« L’on ne peut pas avoir économiquement raison si socio culturellement l’on a tort »

• Développer le télé enseignement à travers les TIC
Ce virus, finalement devenu non un hôte de trop mais un hôte trop loquace et audacieux, nous donnant la voie du salut pour un enseignement très bénéfique, à moindre coût, accessible et devenu international : il s’agit du télé enseignement appelé enseignement à distance. C’est un vrai levier d’inculcation de connaissances, de compétences. Il faut apprendre par le Covid mais aussi et surtout dans le Covid.
Cela ne demande que des préalables, des prédispositions, un certain nombre de conditions non impossibles mais à oser :
-l’assurance d’une bonne connectivité sur toute l’étendue du territoire ;
-une assez bonne maitrise de l’outil informatique par chaque apprenant ;
-une suffisante connexion ;
-un ordinateur performant, etc.
Le télé enseignement est comme le net. working et la télé médecine. Ainsi, « Le salut de l’Afrique passera par le numérique ou ne sera pas. C’était la conviction de beaucoup avant le Covid-19, elle s’est renforcée depuis que la crise sanitaire est clairement devenue une crise économique et par la suite une crise du financement des projets. Avec le maintien qu’a permis à nombre d’entreprises la dématérialisation désormais portée par la pertinence de la distanciation sociale et le plébiscite en faveur des gestes barrières, les start-up africaines ont encore mieux saisi combien les différents outils et services sur lesquels elles ont travaillé peuvent faire la différence. »
• Créer une économie de production d’emplois et de richesses
Rien n’est plus urgent pour cette jeunesse oisive, à hauteur de 65% de la population qui ont moins de 30 ans, d’entreprendre parce qu’on ne peut pas être chômeur et bon citoyen.
Il faut créer une machine de production d’entreprises (donc d’emplois et de richesses), et de richesses (de milliardaires) pour financer nous-mêmes les fonds de lutte contre les pandémies et prendre en charge nos propres besoins de financement. Et le secteur de la santé constitue une véritable niche d’opportunités.

Des structures de santé viables et performantes nous donnent des ressources humaines de qualité en excellente santé. Donc, la contribution de la santé dans le développement est indéniable. Par ailleurs, un excellent niveau de développement influe sur le système de santé en le finançant, le redynamisant et lui permettant ainsi de changer d’échelle.

• Repenser nos structures de santé
Cette pandémie a surpris nos structures de santé : d’une capacité d’accueil de 10 malades du corona, elle devait s’étendre à 30 lits alors qu’on frôle la barre des 3.000 victimes.
Maintenant, il nous faut apprendre de nos erreurs, de nos mauvaises expériences. Quelqu’un que les malheurs n’ont pas corrigé ne se rectifiera jamais. L’Afrique a besoin de structures de santé connectées à la modernité, à la mondialisation. Nous devons changer d’échelle en investissant davantage la télé santé ; la télémédecine.

• Former 1000 spécialistes de la santé par an et Créer une confédération africaine de la santé
Des potentialités inexploitées, ou insuffisamment, se transforment vite en obstacles. L’Afrique dispose de potentialités insoupçonnées, et dans tous les domaines. En effet, l’enseignement des matières scientifiques, l’orientation de masse dans celles-ci, l’assurance de mesures d’accompagnement telles que la bourse garantie à tous ; tel nous semble vital pour préparer la relève médicale de demain.
Cependant, la recherche et la gestion de la santé telles que l’harmonisation des différentes politiques, la coopération entre chercheurs, le partage des données et résultats, un fonds africain de la recherche médicale géré par une confédération sont des mesures urgentes pour booster nos systèmes de santé.

• Renforcer l’éducation sanitaire dès la maternelle
Une bonne éducation sanitaire permet une bonne conscientisation, et, par-là, une bonne prévention, facteur de santé. Les graines de demain se sèment aujourd’hui et les performances de demain se préparent dans le présent.
Des valeurs telles que la propreté de masse, la réserve et la retenue sont cardinales. Les épidémies sont comme les grandes guerres ; on les prépare longtemps à l’avance par la prévention, la sensibilisation et la conscientisation de masse.

• Lutter contre l’exode des cerveaux
Des conditions de travail attractives, une rémunération correcte, un excellent système de management facteur de motivation optimale ; tels sont les ingrédients et la recette pour un bon management des ressources humaines dans les organisations en général et les structures de santé en particulier.
En effet, l’exode des cerveaux constitue de nos jours, l’un des fléaux anéantissant nos modestes performances. Par exemple, il existe plus de médecins béninois en France qu’au Bénin du fait de l’exode des cerveaux.
Pourtant, et de manière bizarre, la plupart des spécialistes de santé en Afrique sont formés au Sénégal. L’expertise est là mais il faut relever le plateau technique et doper la motivation surtout financière.

• Accentuer la recherche/développement surtout dans le domaine de la santé
Il nous faut en Afrique des chercheurs qui trouvent instantanément et non exclusivement des chercheurs qui cherchent éternellement, comme nous le suggère cet auteur : « Sans science, technique et technologie, il n y a que le tâtonnement. Et une nation qui voit grand, un pays qui veut avancer, accélérant ainsi ses pas vers le développement qui permet de sortir les populations des ténèbres et des affres de l’agonie sous développementaliste, doit dompter à tout prix la science, la technique et la technologie. Ces éléments, associés à la religion et à l’art, constituent les piliers d’une culture globale, entière, comprise dans son sens véritable et constructiviste, c’est-à-dire une culture utile et non futile. »
« Il n y a d’histoire que dans la circulation des mondes, dans la relation avec Autrui. C’est l’autre, le lointain, qui m’octroie mon identité. » Ceci étant une incitation plus qu’une invitation à l’ouverture, à la mondialisation, mais mesurée, bien calculée et surtout responsable.
Tous les chercheurs du continent doivent mutualiser leurs efforts dans ce que Abdoulaye Wade appelle « une continentalisation de la recherche… » et la création d’«école(s) continentale(s) pour la formation d’ingénieurs de niveau international ».

• Avoir une vision et savoir intimement que l’heure de l’Afrique a sonné
La Covid 19 est une belle occasion pour régler beaucoup de choses en Afrique, surtout dans le domaine de la santé. En effet, il urge de prendre au sérieux ces facteurs :

-L’Afrique doit davantage impulser ses systèmes de recherche surtout dans la santé en mettant les moyens tout en exigeant des résultats ;
-Réveiller et revaloriser la médecine traditionnelle qui complète et accompagne la médecine moderne ;
-Nouer un nouveau contrat social africain et mondial en mettant l’homme et le social au centre des initiatives, activités, politiques, plans et programmes ;
-Une science ouverte qui assure un accès équitable et facilité aux données ;
-créer des partenariats entre chercheurs de toutes nationalités ;
-augmenter les financements ;
-partager les résultats ;
-dimensionner les projets et ambitions de recherche ;
-Changer certains comportements, insister sur l’idéologie philanthrope ;
-Relocaliser les industries pour leur permettre de construire un nouvel élan ;
-Retrouver une certaine souveraineté dans des secteurs tels que la santé, la pharmacie, l’eau, l’électricité, etc. ;
-Créer un nouveau mode de gouvernance qui allierait sécurité et gouvernance, santé et sécurité ;
-Mettre en place des organismes internationaux autres que l’OMS, comme cette confédération africaine de santé proposée en amont, qui géreraient des problèmes de santé transnationaux tels que les pandémies, le réchauffement climatique, les questions migratoires, les questions fiscales qui dépassent le périmètre habituel des Etats-Nations ;
-Produire soi-même des médicaments surtout dans le domaine de la médecine traditionnelle ;
-Insister sur l’ouverture effective du monde sur lui-même en luttant contre les nationalismes, les populismes politiques et la nécessité de gérer un certain nombre de choses de façon transnationale.
Dans tout cela, il nous faudra utiliser nos penseurs et ressusciter leur héritage. En effet, « Les œuvres de Cheikh Anta Diop qui décrivent et analysent dans une intelligence féconde la grandeur et la décadence de l’Egypte ancienne indiquent deux directions de pensée et d’action qui sont d’une importance capitale pour la construction d’une Afrique émergente, développée : » . Il demande à l’africain d’avoir « une nouvelle conscience de ses valeur et … définir sa mission culturelle (nouvelle)… d’une façon objective » .

• Eviter toute méchanceté, violence et égoïsme béats
Aucune société ne saurait se construire dans cette méchanceté gratuite, cette violence ambiante et cet égoïsme endurci. Il ne faudrait surtout pas que la méchanceté soit l’ADN du sénégalais ; peu s’en aurait-il fallu. « Le poison culturel savamment inoculé dès la plus tendre enfance, est devenu partie intégrante de notre substance et se manifeste dans tous nos jugements », avait déjà vu venir le célèbre historien , chantre de la préservation du patrimoine oh combien valeureux de l’Afrique.
La Covid 19 ne nous prescrit pas seulement l’eau de javel des mains, du corps et des habits, mais aussi celle du cœur, seul capable de contenir le Seigneur Clément.
En vérité, le coronavirus est venu nous demander de tout changer et d’explorer le potentiel de l’introversion. Goethe rappelle ceci : « Quoique tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, de l’audace et de la magie. »
Le changement ne pourra s’opérer que si les africains osent « regarder en face ces phénomènes (les défis du sous développement) …leur faire front… (et) engager (leurs) potentialités spirituelles dans la bataille pour le redressement et le développement».

• Développer l’agriculture
Seule l’agriculture est capable de nourrir l’humanité toute entière. Et la véritable indépendance est d’abord alimentaire avant d’être politique.
Cependant, il doit s’agir d’une agriculture d’échelle, de développement, de stratégies qui met les moyens de ses ambitions aux mains des acteurs, sans intermédiaires véreux. Dans la chaine agricole, de la production à la consommation, toutes les étapes doivent être managées et connectées les unes aux autres avec rigueur, efficacité et objectivité.
Il faut se départir du complexe de l’exercice agricole et savoir qu’on peut bien passer de simple paysan en entrepreneur agricole et ainsi changer d’échelle.

La covid 19 est donc venue, à travers les poches de famine qu’elle a créées, nous alerter sur la nécessité de créer une agriculture efficiente et durable. Ceci passera par :
– produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons ;
– la motivation des acteurs agricoles et une bonne éducation environnementale et écologique ;
– la mise à disposition de semences certifiées et de qualité ;
– du matériel agricole de dernière génération épousant les secrets de la dernière science ;
– la création de chaines de valeur agricoles ;
– le développement des métiers connexes à l’agriculture telles que la tannerie, le transport, le séchage, l’industrie, l’élevage, etc. ;
– la création de marchés et foires agricoles fréquents ;
– le développement de la recherche agricole avec une collaboration active entre experts et chercheurs ;
– la subvention des intrants agricoles pour mieux amortir les chocs ;
– assurer des pistes de production pour le transport des denrées surtout périssables des zones de production aux zones de consommation ;
– développer l’hydraulique rurale et urbaine pour mieux disposer de l’eau de production ;
– encourager et rendre accessible l’énergie solaire pour les forages ;
– créer une vraie synergie entre les acteurs de la pratique agricole ; etc.

CONCLUSION
Chaque crise est l’aube d’une nouvelle ère et la Covid 19 est un excellent professeur, un messager porteur d’un pertinent plaidoyer.
Malheureusement, et c’est très désolant voire décevant de le constater et de le dire : on restera aussi muet qu’un mur ; nous n’apprendrons rien, absolument rien de cette pandémie, du moins de cette épreuve.
C’est comme si les sénégalais refusaient le développement, l’émergence ; étapes auxquelles ont accédé des pays, des humains et pourtant ils ne sont pas plus que des individus.
S’il nous était donné d’apprendre des circonstances qui nous arrivent, des épreuves qui nous frappent, on aurait appris de la plus grande catastrophe maritime qu’a jamais connue l’humanité : celle du bateau Le Joola.
C’est très triste et très décevant : l’africain est comparable à un affamé assis sur des sacs de riz représentant les immenses potentialités et dispositions naturelles, humaines, stratégiques, spirituelles et écologiques que nous peinons à exploiter.
Et comme disait Cheikh Anta Diop, « il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain. …) froidement écrasée par la roue de l’histoire. (…) on ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient. »
Il faut se connaitre soi-même et connaitre sa culture ; c’est à la fois le prix et le préalable à la construction de toute identité et de tout progrès. Le paléontologue continue sa pensée : « La facilité avec laquelle nous renonçons, souvent, à notre culture ne s’explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude progressiste adoptée en connaissance de cause. »
Une seule condition va nous servir de plan B : nous pouvons encore postuler à l’émergence si et seulement si nous revivifions la vie et les enseignements de nos pères fondateurs, de nos valeureux guides religieux : Cheikh Ahmadou Bamba, Tafsir Ahmadou Baro Ndiéguène, Elhdji Malick Sy, Limamou laye, Cheikh Ibrahima niasse, Ahmadou Seck, etc., qui, autant qu’ils sont, ont porté un modèle de société que nous peinons à exploiter et explorer.
Nous nous obstinons dans notre croyance en l’impossible alors qu’il n’existe pas (IMPOSSIBLE = I’M POSSIBLE).
Je lance un dernier cri du cœur : De grâce, osons développer le continent africain : ceci est bien plus qu’à notre portée !

Dr Abdoulaye Idrissa DIEYE
Socio économiste planificateur
Enseignant-chercheur
MEPC/DGPPE/ SRP
776991242/ 774944958
Email : layedieye@yahoo.fr

Références bibliographiques

11. Abdoulaye Niang, (Article) L’AFRIQUE DE LA RENAISSANCE AFRICAINE : Une espérance, une ambition, un projet et un combat à gagner, PUUGB, St Louis, 2008
12. Abdoulaye Wade, Un destin pour l’Afrique, L’avenir d’un continent, Paris , Michel Lafon, 2005, p.205
13. Abdoulaye Wade ; ibidem, p. 23-24
14. Achille Mbembe https://sn.glbnews.com/11-2019/52781895380247/
15. Cheikh Anta Diop, Nations nègres et cultures, Présence africaine, Paris, 1979
16. Cheikh Anta Diop, L’unité culturelle de l’Afrique noire Paris, Présence Africaine, 1959, p.10
17. Edgar Morin et Stéphane Hessel, Le chemin de l’espérance, éditions Fayard, Paris, 2011
18. Fathi Ben Mrad , La médiation sociale : entre résolution des conflits et sécurisation urbaine, revue RFAS No 3-2004
19. Georges Jacques DANTON, Discours sur l’Éducation, Paris, 1793
20. Joseph Ki Zerbo, La natte des autres : pour un développement endogène en Afrique, Karthala, Paris, Janvier 1992

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