Chronique de Babs
Coup d’Etat au Mali : Au delà des principes, la triste réalité
La déposition de l’ex-président de la République du Mali, de son gouvernement et de son parlement par des militaires sous la conduite du colonel Sadio Camara a bel et bien soulagé les populations maliennes.
Cette fin du régime d’Ibrahima Boubacar Keïta n’est en réalité une surprise pour personne. Même pour l’organisation des nations unies, l’union européenne, la communauté économiques des Etats de l’Afrique l’ouest et que sais-je encore dont les communiqués « condamnant vigoureusement » ce coup de force militaire ont fusé.
Et pourtant, lorsque les forces politiques maliennes ont contesté une bonne partie des résultats des récentes élections législatives tenues au Mali ; aucune institution mondiale, sous régionale entre autres n’a levé le plus petit doigt. Ils se sont comme d’habitude réfugiés derrière la notion scélérate de « non ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain ». Une justification bancale.
Une litanie brandie tant que les intérêts des Etats et leurs multinationales qui dirigent leur manœuvre asservissante dans les pays africains ne sont pas menacés.
Autrement dit, toute tête de leader soucieux du développement exclusif de son pays au détriment de l’Ordre mondial est à couper à juste raison.
Par contre, tant que le chef de l’Etat concerné se soumet à l’Ordre mondial, toutes ses dérives contre le peuple sont rangées dans les « affaires intérieures d’un Etat souverain ».
C’est ce qui explique la persistance de la mal gouvernance flagrante, le tripatouillage des lois constitutionnelles, le truquage systématique des suffrages lors des élections pour rester au pouvoir ; sans coup férir.
En cautionnant ou encourageant de tels actes de leurs valets qu’ils ont portés, par des manœuvres sordides, au sommet des Etats à faible opinion publique voire inexistante, cette soi-disant « communauté internationale » ou plutôt d’intérêts alimentent le terreau des coups de forces militaires.
Face à un peuple blessé dans son amour propre et déterminé à changer son destin, les forces de défense et de sécurité sont mises dans une situation très inconfortable.
Doivent- elles continuer à obéir à des autorités qui foulent aux pieds les lois et règlements de leur pays ou se désolidariser en regardant les forces politiques s’entretuer ou prendre leurs responsabilités comme au Mali ?
Voilà un questionnement délicat qui dépasse de loin les principes généraux du droit « international » de la mondialisation.
C’est dire que ce n’est pas de gaité de cœur que les militaires maliens ont agi, personne ne peut leur reprocher de n’avoir pas laissé les civils régler leur différend politique.
Pour avoir repris les cartes de la stabilité du Mali sans effusion de sang et demander la tenue d’élections libres et transparentes pour choisir les prochains dirigeants du pays, le colonel Sadio Camara et ses troupes sont clairs dans leur motivation. Pour le moment…