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JOURNEE NATIONALE DE LA DECENTRALISATION, L’ACTE 3 EST BON DANS SON ESPRIT MAIS IL EST POLITISE DANS SA MISE OEUVRE SELON LE MAIRE DE LA COMMUNE DE THIES OUEST ALIOUNE SOW.

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JOURNEE NATIONALE DE LA DECENTRALISATION, L’ACTE 3 EST BON DANS SON ESPRIT MAIS IL ESST POLITISE DANS SA MISE OEUVRE SELON LE MAIRE DE LA COMMUNE DE THIES OUEST ALIOUNE SOW.

Extrait de l’entretien réalisé par le quotidien national le soleil publié le 10 SEPTEMBRE 2020

ALIOUNE SOW, MAIRE DE LA COMMUNE DE THIES-OUEST

« L’acte III de la décentralisation pèche dans la pratique »
Maire de la commune de Thiès-Ouest depuis 2014, Alioune Sow, membre du parti Rewmi, estime que l’idée de l’acte III de la décentralisation est très belle, mais des problèmes se posent dans la pratique. Des problèmes liés, selon lui, à l’appartenance politique des uns et des autres. Il a aussi aborde aussi dans cet entretien, le chevauchement, supposé ou réel, de compétences entre la ville et les communes d’arrondissement sur le foncier. La question de « l’incohérence territoriale » n’a pas été en reste.
Propos recueillis de par Ndiol Maka SECK
Vous êtes depuis 2014 à la tête de la commune de Thiès-Ouest. Quel bilan, tirez-vous aujourd’hui de votre magistère ?
« Je me suis focalisé en tant que maire sur trois piliers fondamentaux pour gérer la commune : la santé, l’éducation et le cadre de vie. Mon équipe et moi, nous nous sommes pleinement investis dans ça, et avons laissé les grands travaux à l’Etat central. Parce qu’avec nos maigres moyens et notre masse salariale un peu exorbitante, nous ne pouvons pas prétendre réaliser certains projets. Pour ce qui est de la santé, quand nous venions, certains postes n’avaient pas de maternité. Aujourd’hui, dans trois ou quatre postes, nous avons réussi à construire des maternités. Nous avons aussi doté d’ambulances à certains et relever un peu les plateaux techniques. L’objectif était d’élargir l’accès à la santé à tout le monde. Parce que dans un quartier populaire, c’est peut-être une personne sur 200 000 qui peut se payer le luxe d’amener sa femme dans une clinique. Nous avons aussi veillé à ce que la dotation en médicaments soit constante et fixe pour que les postes de santé ne connaissent pas de pénuries.
Dans le domaine de l’éducation, nous avons en charge 17 établissements scolaires. Nous nous sommes battus pour que ces établissements soient favorables à l’éclosion de nos enfants. Pour cela, nous avons doté certaines écoles de points d’eau. Nous avons aussi fait en sorte que celles-ci soient dotées de toilettes. Pendant quatre ans, nous nous sommes également attelés à réhabiliter des écoles qui étaient dans un état de délabrement. Aujourd’hui, la seule école qui nous reste est celle nommée Brigadier-chef Makan Diébaté qui, il faut le dire, est dans un état très alarmant. Au lieu d’y mettre 5 millions qui ne seront pas suffisant, nous préférons attendre le moment où nous pourrons mobiliser une somme exorbitante pour pourvoir la refaire.
Dans le domaine de l’environnement qui englobe la sécurité et le cadre de vie. Nous avons jugé nécessaire de revoir l’occupation du domaine public dans la commune. Nous nous sommes attaqués à l’occupation anarchique. Nous avons essayé de faire en sorte que les populations retrouvent le bien-être. Nous avons aussi fait beaucoup de choses dans le domaine de l’action sociale, du sport etc. Mais la chose la plus importante pour moi, c’est le fait d’avoir cassé cette barrière qui existait entre le maire et ses administrés. J’ai fait en sorte que les populations aient accès à moi pour pouvoir me dire ce qu’ils veulent.
Est-ce que votre commune a bénéficié des programmes de l’Etat comme Promovilles, le Programme des lampadaires solaires ?
Je l’ai dit à toutes les occasions qui me sont offertes. L’esprit de l’acte III est bon. Mais c’est dans la pratique que ça pose problème. Il est complètement politisé. Je donne un simple exemple. Le maire de la ville de Dakar est aujourd’hui combattu. Et tout ce qu’on lui refuse est accordé au maire de Thiès parce que simplement il est dans la mouvance présidentielle.
Qu’est ce qui est privé au maire de Dakar et accepté à celui de Thiès ?
La ville est une structure de mutualisation, de coordination. Elle a un territoire virtuel comme on le dit. Mais à Thiès, le stade Maniang, les titres fonciers, les Casinos etc., sont tous affectés à la mairie ville, contrairement à ce qui se passe dans d’autres communes. Alors qu’elle pouvait se contenter d’accompagner les communes et d’aller trouver des partenaires pour les renforcer. L’autre chose est que les maires de communes ne sont même pas informés des projets de l’Etat sur leur propre territoire communal. Tu te lèves un bon jour et trouves un goudron dans ta commune, et c’est le maire de ville qui pilote tout. C’est pour le bien des Thièssois. Nous n’allons jamais nous y opposer ou s’en offusquer. Mais la galanterie aimerait que ce qui est aujourd’hui accordé au maire de Guédiawaye par exemple, Aliou Sall, qui est un maire de commune comme nous, nous soit accordé. Nous n’avons pas besoin d’argent, nous avons besoin d’accompagnement dans tous les secteurs. Depuis 2014, aucune commune de Thiès n’a réussi à recouvrer plus de 500 millions Fcfa de son budget. Parce que l’accompagnement dans la fiscalité fait défaut. A Dakar, des communes arrivent à faire des reports budgétaires de 500 à 700 millions de Fcfa en fin d’année.
Qu’est ce que vous préconisez concrètement pour y remédier?
Nous devons être d’égale dignité. Ce qui est important, c’est de comprendre que nous ne sommes pas éternels. Nous devons faire en sorte qu’il y ait une gestion équitable non seulement des ressources, mais aussi des hommes, les maires que nous sommes. Qu’on soit de la mouvance présidentielle où pas, on doit bénéficier de la même considération. Si on bafoue les textes, s’arrange pour que certaines infrastructures qui devaient être affectées aux communes soient affectées à la ville, l’histoire nous interrogera un jour. S’il se trouve que l’esprit des textes a été biaisé, il se posera un problème de conscience.
Vous trouvez que certains maires sont privilégiés sur d’autres…
A Dakar, un maire comme Barthelemy Dias est très aimé par ses administrés, l’Etat ne l’offre aucune occasion de réaliser les projets qu’il a en tête. De l’autre côté, on voit que certains maires sont appuyés, choyés parce qu’ils sont de la mouvance présidentielle. Cela ne fait qu’affaiblir les institutions. Si l’on n’est pas traité d’égale dignité, c’est difficile qu’il y ait respect entre nous. Je l’ai dit à Abdou Karim Fofana, quand il est venu ici récemment. Et c’était la première fois qu’on nous convie à une visite d’un ministre. D’habitude, c’est seul le maire de la ville qui est invité. Cela doit être évité. Nous incarnons ces institutions aujourd’hui, mais nous ne sommes pas eternels. Demain, nous serons remplacés par d’autres. Nous devons laisser un héritage acceptable. On dit dans l’acte III que les maires sont d’égale dignité, mais dans la pratique ce n’est pas réellement ce qui se passe. Malgré cela, nous en sortons quand-même, parce que nous avons des populations conscientes de ce qui se passe et qui nous accompagnent. (…)

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