Les encadreurs et transcripteurs des épreuves de baccalauréat des non-voyants à Thiès réclament des indemnités de transcription, pour le surplus de travail qu’ils abattent par rapport à leurs autres collègues enseignants mobilisés pour la tenue de l’examen.
’’Nous avons les mêmes doléances depuis cinq ans. Les autorités, tour à tour, passent chaque année, mais il n’y a pas de solution’’, a dit à l’APS, Souleymane Guèye, secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs et enseignants des personnes handicapées (SUTEPH).
’’Cette année, nous nous sommes tu, mais nous ne sommes pas contents’’, a-t-il ajouté.
Au total, 19 encadreurs et transcripteurs sont mobilisés au Lycée Malick Sy de Thiès, pour rendre possible la participation de 14 candidats non-voyants au baccalauréat général.
Ces agents arrivent à 7 heures 30, restent jusqu’à 21 heures et parfois jusqu’à 23 heures, voire 00 heure, a dit Souleymane Guèye.
’’Pendant que les élèves terminent à 18 heures, nous sommes là jusqu’à 23 heures, parfois jusqu’à 00 heure’’.
Les encadreurs et transcripteurs font un ’’double travail’’ de transcription des épreuves du noir vers le braille, puis, une fois que les candidats ont fini, ils doivent rester pour retranscrire leurs copies du braille vers le noir.
Ce travail de traduction qu’ils sont 24 à pouvoir faire à travers le pays, selon lui, nécessite une concertation entre les spécialistes des différentes disciplines, pour éviter de ’’trahir les productions’’ des élèves.
’’Malgré cela, il n’y a aucune rémunération prévue pour les transcripteurs et les encadreurs’’, a déploré le syndicaliste.
Avec la délocalisation, depuis cinq ans, des épreuves de Dakar à Thiès, par souci de proximité avec les candidats, pensionnaires de l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles (INEFJA), les encadreurs et transcripteurs gardent le même niveau de prise en charge.
Ce baccalauréat en braille était organisé depuis 1982 à Dakar.
L’année dernière, ces agents avaient menacé en guise de protestation, de ne pas transcrire les épreuves du second tour, raconte Souleymane Guèye, ajoutant qu’ils avaient finalement renoncé à cette décision suite la promesse de l’Inspection d’académie de suivre la question.
Concernant les examens du BFEM et du CFEE, le problème est réglé suite à son intervention, a-t-il relevé.
Selon lui, le directeur de l’Office du bac leur avait expliqué qu’il attendait la mise en oeuvre d’une réforme du baccalauréat pour introduire la proposition de ces indemnités de transcription. Ce qu’ils attendent toujours.
Interpellé sur le sujet par l’APS, l’inspecteur d’Académie de Thiès Pape Baba Diassé abonde dans le même sens, estimant que ’’seul un nouveau texte peut le prendre en charge’’. ’’L’Office du bac est sensibilisé et j’espère qu’ils vont le prendre en charge’’, a-t-il ajouté.
Souleymane Guèye évoque des raisons à la fois ’’sociales’’, ’’éthiques’’ et ’’patriotiques’’ qui les ont poussés à continuer à subir stoïquement cette situation.
Pour lui, ils ne peuvent pas abandonner ces jeunes non-voyants qui ont étudié jusqu’au bac et ’’tourné le dos à la mendicité’’. Une grève en plein examen pourrait les ’’démoraliser’’, a-t-il dit.
M. Guèye préconise une rencontre avec les autorités ministérielles, pour trouver une solution à cette lancinante question.
Il estime que leur situation est à l’image de celle des diplômés non-voyants, qui souffrent du ’’pire’’ taux de chômage, avec un taux d’insertion de 2%, voire moins que cela.
Les 15% de recrutement chez les personnes handicapées, prévus par la loi d’orientation sociale, n’étant toujours ’’pas respectés’’.
’’L’inclusion est une norme et pas une exception’’, note-t-il.
ADI/AKS
SOURCE APS.