ARTICLE DE LA SEMAINE
Grain de sel du sociologue N 7
Sénégal : les ressorts de la violence dans les stades et dans l’espace public
En réaction aux scènes de violences récemment constatées dans les stades, le Président Macky Sall menace et promet de fortes mesures sur son compte Twitter. En voici ses propos : « la spirale de violence dans nos stades doit immédiatement cesser. L’agression physique des personnes et la destruction de biens publics sont intolérables et inacceptables. J’en appelle à la responsabilité de tous. L’Etat saura, avec fermeté, prendre les siennes ».
Face à l’appel du Président à la responsabilité de chacun, Grain de Sel du sociologue voudrait bien l’aider à prendre les siennes.
Les violences constatées dans les stades et un peu partout au Sénégal sont l’expression d’une société en mal de pain et de frein et d’une jeunesse en mal d’avenir. Même le développement de la lutte et des nawétanes, pourrait-on dire, sont des conséquences monstrueuses du chômage de masse et de la déscolarisation. La preuve en est que ces deux domaines, qui occupent une grande partie du temps de notre jeune génération, recrutent la plupart de leur personnel dans le marché du chômage et des déscolarisés.
Partant, notre observation nous pousse à croire que malgré l’importance du sport et de la culture dans la vie d’une nation, dans la réalisation de ses objectifs de développement et même d’éducation, force est de reconnaitre que la lutte et les nawétanes au Sénégal sont plus des secteurs d’enrichissement personnel pour une minorité de personnes et de passe-temps pour les jeunes désœuvrés et déscolarisés. Encore plus, les hommes politiques ont souvent tendance à instrumentaliser ces deux secteurs pour des raisons politiciennes ou dans le seul but de canaliser les énergies révolutionnaires des jeunes.
Cependant, si l’Etat a la volonté, il a tous les moyens pour faire cesser la violence dans les stades et dans l’espace public, comme il prétend avoir les moyens pour que 21 Mars ne se reproduise plus.
En quoi faisant ? En agissant seulement sur les ressorts de la violence. Quels sont les ressorts de la violence au Sénégal ? A priori, le sénégalais n’est pas violent, encore moins les jeunes sénégalais. Mais le manque de perspectives d’avenir pour la généralité des citoyens, la crise de l’éducation nationale, la crise de référence dans la société et la sous-utilisation de la force publique pour la sécurité des citoyens sont un ensemble d’éléments qui favorisent la violence.
Ainsi, pour lutter efficacement contre les violences, l’Etat devra juste s’acquitter de ses missions culturelles de formation morale et professionnelle des citoyens (réforme de l’école et de l’université), de mobilisation optimale des forces publiques pour la régulation des rapports sociaux (la police, la gendarmerie et la justice au service des citoyens) et de redistribution équitable des richesses publiques (aller vers la souveraineté économique et le plein emploi).
Grain de sel du sociologue N 7, Sénégal : les ressorts de la violence dans les stades et dans l’espace public
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