Dans son organisation institutionnelle et morale, je souhaite voir un Sénégal plus juste où tout le monde est traité au même pied d’égalité devant la justice et où chacun a sa part du bien public, quel que soit sa position géographique ou son appartenance politique, sociale ou religieuse.
Un Sénégal où l’impact de chaque centime dépensé sera ressenti par tous. Je rêve d’un Sénégal plus démocratique où l’avis de chaque citoyen compte. Je rêve d’un Sénégal plus religieux où Dieu aura toute la place qui lui sied et où la religion sera une valeur ajoutée plutôt que l’opium du peuple.
Je rêve d’un Sénégal plus égalitaire où tous vivront égaux, un Sénégal plus ouvert et humaniste où la dignité humaine sera érigée en principe fondamental, un Sénégal plus sympathique où les valeurs d’humour, de téranga et d’hospitalité seront sacralisées, un Sénégal libre et moins dépendant de l’aide extérieure où on consomme des produits issus de notre agro-industrie, de notre artisanat et de notre culture, un Sénégal plus solidaire, uni et brassé malgré ses différences religieuses et ethniques.
En bref, je rêve d’un Sénégal où l’État reflète toutes les valeurs locales (brassage culturel et cousinage à plaisanterie) et combat tous les vices culturels (hypocrisie sociale).
Dans son organisation structurelle et morphologique, je souhaite voir un Sénégal des ménages-familles stables et fonctionnels où les parents et les enfants vivront dans une parfaite harmonie et complémentarité, des éco maisons, des éco villages et des éco quartiers, des communes écologiques, des régions et des villes intelligentes.
Toutes choses qui reposent sur une bonne organisation spatiale, une répartition rationnelle et équitable des hommes, des équipements, des infrastructures et des services et une exploitation durable des ressources et potentialités du pays (côtes, fleuves, lacs, îles, sites touristiques et cités religieuses, parcs, terres arables, hommes et ressources naturelles).
Ce Sénégal aura un réseau de transport routier, ferroviaire et aérien structurant, accessible et de dernière génération, qui respecte le critère d’équité territoriale.
Dans ce Sénégal, le chef de quartier ou de village sera un élu local comme les autres en sorte de favoriser une participation effective des citoyens dans les affaires de la cité. Il sera élu par les membres du quartier au suffrage universel direct et sera responsable du développement de son quartier. Il pourra aussi aider au recensement de la population et au recouvrement des impôts.
Je rêve d’un Sénégal aux pôles territoriaux viables, qui fera bon vivre, et convoité par les autres nations. Ce Sénégal sera sans corruption administrative, sans banlieues et sans clandos (émigration clandestine, marchands ambulants, occupation anarchique de la voie publique et des zones impropres à l’habitat, urbanisation, exode rural, car rapide, branchements clandestins, taxis clandos, Jakarta, travail informel). Foo Nekk Tekki Fa. Dans ce Sénégal, tout le monde aura la possibilité de choisir le type de métier qui l’agrée et de le réaliser. Ainsi, la vocation reviendra-t-elle dans tous les métiers et surtout dans les professions médicales et enseignantes.
Sans doute, ce Sénégal ne sera pas sous joug de la France, de la banque mondiale et encore moins du FMI pour mener ses politiques publiques.
Dans ce Sénégal que nous voulons, il n’y aura plus d’hommes et/ou d’institutions (banques, écoles, ministères, administration publique) parasites (exister et coûter sans rien rapporter). Tout le monde contribuera à l’existence de tous, tout en assurant la sienne propre. Et toutes les institutions seront soumises au critère de l’excellence, de la performance et de la redevabilité.
Le Sénégal que nous voulons sera sans prisons, ne servant qu’à enfermer et à exclure du monde des détenus (es). On aura une justice préventive et restitutive plutôt qu’une justice corrective, répressive et d’emprisonnement. Les conditions d’éducation et de vie socioéconomique décentes seront réunies pour favoriser un environnement propice à l’épanouissement personnel, à l’éducation morale et à la bonne conduite pour chacun. Le peu de déviants qui surgiront seront recyclés, mobilisés à des fins d’utilité publique et préparés professionnellement et moralement pour leur réinsertion. Bref, ce Sénégal sera sans déchets matériels et humains.
À coup sûr, la meilleure façon de réduire l’insécurité à sa plus simple expression, c’est de démocratiser le bonheur et le bien-être. Si tout le monde a la paix en soi, personne ne pensera faire du mal à l’autre. Et la société sera harmonieuse, car les individus qui la composent seront utiles et bienfaisants les uns envers les autres.
Dans ce Sénégal inclusif, tout le monde aura sa place qu’il mérite et l’accès universel aux services sociaux de base ne sera plus un simple slogan sans contenu.
Ce Sénégal-là sera le Sénégal gagnant, le Sénégal de la méritocratie et du culte de l’excellence. Même pour être influenceur public, il faut être artiste (passionné et meilleur dans son domaine). Dans ce Sénégal, la communication (les médias et réseaux sociaux), l’art et le sport seront utilisés au service de l’éducation morale et du développement socioéconomique.
Docteur Cheikh Tidiane MBAYE
Sociologue