« Une société composée d’une poussière infinie d’individus inorganisés qu’un Etat hypertrophié s’efforce d’enserrer et de retenir constitue une véritable monstruosité sociologique. » Emile DURKHEIM
D’après cette citation de Durkheim, le Sénégal est-il une monstruosité sociologique vu l’écart entre l’Etat central et les groupes partiels, et cela, malgré les politiques de décentralisation et de territorialisation des politiques publiques ?
Nous approuvons l’Action 210 dans le PNADT où il est proposé de renforcer et décentraliser le système de statistique nationale.
L’État doit davantage travailler à synchroniser les territoires des régions jusqu’aux quartiers et villages, de sorte à faciliter la répartition des ressources publiques en fonction des besoins et taille des populations et la production de renseignements périodiques en termes d’État civil, de recensements sur les populations et sur leurs conditions d’existence. Ces études peuvent être faites par les conseils de quartiers ou des BIC (Bureau d’information communautaire) de manière périodique pour être remontées jusqu’aux plus hautes instances. Les gouvernements de quartiers peuvent gérer les questions de proximité et laisser aux communes la gestion des questions centrales (communales).
Réformer l’ANSD par une décentralisation de la collecte à l’échelle locale et autonomiser l’institution vis-à-vis de l’exécutif pour plus de fiabilité des données.
Privilégier l’observation continue (à temps réel), mettre à jour les données de manière périodique et mettre en avant les spécialistes des sciences sociales (sociologues, géographes, staticiens et économistes) dans le processus de conception et de collecte.
Recruter des relais (représentants résidents) à l’échelle des quartiers. Ces derniers seront chargés de collecter les données de leurs quartiers respectifs. Lesquelles données seraient actualisées à temps réel. Ainsi auraient-elles plus de garantie de fiabilité car collectées par des professionnels.
Ces données pourraient servir à tous les niveaux de gouvernance aussi bien à l’échelle locale que nationale. Elles seraient aussi une source précieuse pour les chercheurs. Cette réforme a un double avantage :
Non seulement elle peut aider à réduire le chômage des jeunes, mais aussi et surtout elle peut rendre plus fiable et actuel les données de l’ANSD.
L’Etat du Sénégal doit aussi développer sa propre politique de population. Laquelle politique se chargera de répondre aux questions suivantes : Combien de têtes (individus) avons nous besoin pour développer le Sénégal ? Comment les prendre en charge, les préparer, les répartir et les mobiliser dans l’effort de construction nationale. Il est révolu l’ère où ce sont les occidentaux qui nous dictent le nombre d’enfants que nous avoir.
Nous sommes pour une approche humaniste et développementaliste de la statistique sociale et de la démographie. Avoir une bonne maitrise de sa population pour mieux les prendre charge et les mobiliser dans l’effort de développement.
Docteur Cheikh Tidiane MBAYE
Sociologue