REPONSE AU JOURNALISTE ADAMA GAYE
Ainsi donc vous voilà, dites-vous, de retour. Et, vous promenant allègrement jusqu’aux extrémités de l’égocentrisme, vous vous êtes affublé, unilatéralement, du titre surfacturé de « Roc ». Soit.
Sans doute une réminiscence bavarde de vos lectures d’adolescent : « Blek le Roc ! ». Nous vous concédons volontiers ce fantasme éculé d’une autre époque, puisqu’il n’est tout de même pas prohibé d’être dupe de soi-même et de se dorer volontairement la pilule.
Je dois, au demeurant, à la vérité de confesser, avant de passer outre, qu’il n’y a guère, je fus un de vos admirateurs pour la truculence de vos articles. Mal m’en a pris, cependant, car je découvre aujourd’hui à quel point on peut se gourer sur les gens. Je vois que sous le parapluie d’une démocratie en mésusage permanent et regrettable, sous nos cieux, vous avez pris soudainement le parti de déverser du fiel sur un pouvoir dont vous dites déjà – N’est-ce pas vraiment trop tôt ? – qu’il serait mal parti, alors que selon toutes les âmes de bonne volonté, il appert qu’il doit, à tout le moins, prendre le temps de bien caler ses jambes sur les starting-blocks.
Les projectiles que vous jetez, déjà dès potron-minet, sur un pouvoir qui vient à peine de naître et est encore dans les langes révèlent à quel point vous avez le génie de l’ignominie. – Et puis, entre nous, vous avez voulu, juste après le scrutin présidentiel, jouer au Souleymane Jules Diop qui, lui, a eu, à son retour, l’heur d’être chouchouté par le délinquant porté au pouvoir en 2012, pour toutes les insolences et autres trivialités, débitées pendant ses jours d’exil. Vous avez espéré incarner le retour de « l’enfant prodigue ! » en oubliant, à votre grand dam, que nous sommes en période de marée basse du chantage médiatique sous nos cieux.
Sans doute brûlé par l’urticaire d’une désillusion rude à supporter, vous voilà maintenant, en joueur malchanceux, entrain de vouloir brouiller les cartes sur la table de votre pari.
Votre retour d’exil, à vous, avait en vérité quelque chose d’emprunté et de grotesque, même s’il fut paré, à l’aéroport, d’un sourire fendu jusqu’aux oreilles et du désir manifeste de théâtraliser, au forceps, ce come-back, ô combien intéressé, au bercail.
Cependant, la différence entre le sinistre Souleymane Jules Diop et vous c’est qu’il avait su mettre, quant à lui, assez d’épices dans ses salades d’insanités. Son menu était autrement plus relevé. L’autre différence c’est que vous n’êtes pas tombés sur le même interlocuteur. Jules-Injures, lui, a eu affaire à un vrai flibustier, un receleur d’insulteurs publics qui tel un porc affectionne la gadoue, tandis que vous, vous avez affaire à des apôtres de la salubrité et de l’écologie républicaine et qui ont fait vœu de balayer toute les saletés étatiques qui nous privaient d’oxygène et nous pourrissaient la vie, depuis plus d’un demi-siècle.
Ah ! On ne les fait pas chanter ces gens-là…
Et puis, enfin, pour qui donc vous prenez vous ? Quelle est votre allégeance en ces jours d’ivresse révolutionnaire et mutationnelle, traversant notre continent de part en part ?
Votre perception mono-centrique de l’insolence qui, dites-vous, est une matière que vous maîtrisez, vous fait prétendre de manière à peine dissimulée être, immodestement – C’est ici encore un de vos délirants égo-portraits ! – en possession d’armes discursives de destruction massive, oubliant que ces armes-là sont aussi non seulement de fabrication massive par le Très-haut, mais qu’elles peuvent souvent avoir un effet boomerang et vous retourner en pleine gueule.
C’est vous dire amicalement que n’ayant point le monopole du dire et de l’outrecuidance, vous feriez mieux à votre âge – j’insiste sur cette occurrence – vous tenir à carreau et diluer d’un peu plus de respect vos coulées de fiel et votre jactance par trop lunaire.
Au lieu de proclamer partout, en patriote inconditionnel, le nouvel évangile républicain taillé en pleine probité et portant les beaux atours d’un souverainisme de haut vol, au lieu de vous en prendre à toutes ces vipères qui crachent leur venin depuis le surgissement de ce régime salvateur attendu pendant tant d’années de souffrance , vous avez choisi d’être sous l’égide de Polémos et d’organiser le chagrin des prédateurs en tout genre, vous ravalant ainsi au rang de négrier des temps modernes, capable, comme ces traîtres d’autrefois qui vendaient les leurs sans état d’âme, de fourguer votre peuple aux forces d’inertie, au-dedans comme au dehors.
Yemal Adama ! Yemal waye ! Rouss nagne la nak !
Vous êtes en train de jouer la mauvaise carte. Qu’avez-vous donc de plus que les autres, vous parangon abouti de l’immodestie ? Et le plus désolant c’est que de manière subreptice, vous faites dans un stratégique « Matt di euf… »
Mais ni Diomaye ni Ousmane Sonko n’ont cure de vos ruses car, prévenus, ils savent s’armer du vieil adage : « Timeo Danaos et dona ferentes », ce qui signifie : « Je crains les Danaens, même s’ils font des cadeaux ». Et si cela se trouve, il n’est pas difficile de comprendre que votre Cheval de Troie n’est pas de bois mais vainement, de mots.
Non Adama, votre mayonnaise risque de ne jamais prendre car, au train où vont les choses, sous ce magnifique soleil du changement, ce n’est pas demain le jour où vous vous en offrirez une tartine.
Je m’en arrête là, en vous priant fraternellement, patriotiquement d’accompagner vos enfants que sont Diomaye et Sonko et vos frères que nous sommes, en toute humilité en toute honnêteté.
Faites-en plutôt, c’est possible, des amis, en vous rappelant Voltaire : « Aucune des grandeurs de ce monde ne vaut un bon ami ». Et puis, en définitive, plus que des amis, nous devons être des frères dans cette même barque, presque paraplégique et truffée de blessures sanguinolentes, qu’on appelle le Sénégal et qu’il nous faut sauver enfin.
De toute façon, sabre au clair, nous vous ferons face désormais. Et la fureur de notre propos aura pour coefficient la gratuité de vos sorties intempestives ou votre degré d’insolence, envers ces dignes fils d’Afrique que sont le Président Bassirou Diomaye faye et son binôme Ousmane Sonko.
Au nom du JUB-JUBAL-JUBBANTI.
BARO CISSE – THIES