Sur son histoire comme fils aîné de Seydi Hadji Malick Sy, tout comme soldat mort pour la France lors de la première guerre mondiale, peu de documents, preuves ou témoignages. Aussi, pour en connaître de Sidy Ahmed Sy, disposons-nous plus de données issues de la tradition orale que d’archives.
Premier fils de Sokhna Rokhaya Ndiaye et de El Hadji Malick, Sy, un des chantres de la confrérie Tidjane au Sénégal, Sidy Ahmed Sy est mort au combat lors de la première guerre mondiale dans les rangs de l’armée française.
Malgré son jeune âge, il était un savant accompli, maîtrisant l’ensemble des sciences islamiques sous la formation du premier disciple de Seydi Hadji Malick Sy, en l’occurrence El Hadji Malick Sarr.
Né à Saint-Louis le 15 Janvier 1882, Serigne Sidy Ahmed Sy n’a vécu que 34 ans. Solide enfant, confié à Mame Mor Khoudia Sy puis à Mame Mor Amina Sy pour une formation plus poussée en sciences islamiques, Serigne Sidy Ahmed Sy était très proche de son père, pour qui, il avait beaucoup de respect et de considération. La tradition orale le crayonne sous les traits d’un saint capable de prédire l’avenir et qui avait pressenti qu’il ne survivrait pas à la guerre et qui savait que la succession de son père reviendrait à son petit frère, Serigne Babacar Sy.
Dans le cadre de la première guerre mondiale, la France faisait recours à l’effort de guerre de ses colonies d’Afrique. Ainsi, beaucoup de jeunes Sénégalais sont enrôlés au nom de la France pour être emmenés au front. Avec un effectif estimé à plusieurs centaines de milliers d’hommes d’Afrique noire et du Nord, l’armée africaine a été prépondérante dans la libération de la France du joug hitlérien.
Ainsi, l’administration coloniale avait pour dessein de mobiliser les talibés de Seydi Hadji Malick pour les faire participer à l’effort de guerre. A défaut de donner ses disciples, le Maître Seydi Hadji Malick Sy préféra leur donner ses propres fils, en l’occurrence Serigne Sidy Ahmed Sy, 32 ans, à l’époque, et Serigne Babacar Sy.
La tradition orale veut que ce jour-là, Seydi Hadji Malick répondit à l’administration qu’il ne pouvait donner ses disciples, à lui confiés par leurs parents et qu’il devrait rendre compte de ce fait au Créateur. Finalement, c’est Serigne Sidy Ahmed Sy qui fut envoyé à Salonique en Grèce, après un bref passage en France, précisément à Marseille et à Toulon. Il y était aux côtés des forces alliées, de même que d’autres fils de Chefs religieux, en l’occurrence Serigne Amadou Sall, Serigne Fallou Fall et Amadou Lamine Sow. Serigne Babacar, quant à lui, ne fût pas apte à partir pour des raisons de santé.
Recruté en mai 1916, Sidy Ahmed Sy reçut une formation accélérée d’un mois dans une base militaire à Thiès. Donc, il a fait 6 mois à l’armée.
Il disparut le 13 octobre 1916 à Salonique. Acculés par les Allemands sur le front de l’Ouest en 1916, les Alliés, basés aux Dardanelles, se replient sur Salonique pour former l’Armée d’Orient face aux Boches, Autrichiens et Bulgares. 250.000 soldats alliés tombèrent aux Dardanelles, assiégés par l’ennemi. Beaucoup d’Africains ne sont pas revenus des tranchées qui ont vu l’une des plus effroyables boucheries de l’histoire contemporaine.
D’après le Pr. Iba Der Thiam, les tombes de deux importantes figures religieuses sénégalaises, tombées au champ d’honneur lors de la première guerre mondiale, ont été identifiées. Il n’est pas exclu que des procédures soient entamées pour le retour, sur leur terre natale, de leurs cendres.
C’était à l’occasion d’un point de presse en vue des préparatifs de la célébration de la journée du tirailleur portée sur les fonts baptismaux en 2004.
A Salonique, en Grèce, deux tombes ont été identifiées. L’une serait celle de Sidy Ahmed Sy, fils aîné de El Hadji Malick Sy, grand propagateur de la Tidjaniyya au Sénégal, et l’autre celle de Serigne Fallou Fall, fils de Cheikh Ibrahima Fall, compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du Mouridisme.
Le 8 Mai de chaque année, un hommage est organisé en France aux soldats Sidy Ahmed Sy et Serigne Fallou Fall morts pour la France.
Au Sénégal, un monument est consacré aux tirailleurs sénégalais, en particulier aux morts Demba et Dupont, à la place du tirailleur sénégalais.
En rappel, la journée du Tirailleur Africain est célébrée à la date du 15 août par l’Etat français puis le 23 août de chaque année par les Etats africains.
Le Président Abdoulaye Wade avait institué la journée du tirailleur sénégalais fixée annuellement le 23 Août, date choisie en référence à la date de la libération de Toulon le 23 Août 1944. Cette cérémonie a pour objectif de réhabiliter la mémoire des Tirailleurs, en mettant en exergue leur contribution lors de la première et de la deuxième guerre mondiale.
Le vendredi 16 août 2024, le Premier Ministre, Ousmane Sonko, a présidé l’installation du Comité de commémoration du 80ᵉ anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye. Ce comité est présidé par le Professeur Mamadou Diouf. L’événement est prévu le 1ᵉʳ décembre 2024.
Sidy Ahmed Sy, malgré son jeune âge, 34 ans révolus, n’est pas sans postérité, même s’il n’a laissé qu’une descendance féminine qui a perpétué sa lignée. Sa descendance ne fait pas partie du personnel “khalifable”, mais ses membres sont souvent appelés par le titre Serigne.
Serigne Sidy Ahmed Sy avait deux épouses. La première, Mame Marième Paulel Diagne, lui a donné 3 enfants, dont sa fille aînée, Sokhna Seynabou Sy, née en 1912 qui n’a pas vécu pas longtemps et Sokhna Safietou Sy, née en 1914. La seconde, Mame Aimée Sao, originaire de Saint-Louis et Dagana, n’a eu qu’une seule fille, Sokhna Mame Fama Sy, née en 1916, après le départ de Serigne Sidy Ahmed pour Salonique. Sa naissance lui a été annoncée par télégramme. Cette dernière n’a qu’un fils, qui est toujours vivant.
Serigne Alioune Sall de Diamalaye est un petit-fils direct de Serigne Sidy Ahmed Sy.
Docteur Cheikh Tidiane MBAYE,
Sociologue des religions
Enseignant vacataire à l’UCAD