Suppression des villes : Un Expert Ingénieur statisticien Planificateur, donne son avis
La question du statut de la ville de Dakar en particulier et de celui des villes capitales dans l’espace UEMOA a toujours été pour moi une préoccupation majeure.. J’ai porté ce débat depuis 2007 dans la 11éme législature lors de l’examen de la loi de finance 2008-2009.
Depuis lors mon argumentaire est resté toujours invariant . Mon dernier développement sur cette question date de moins de dix jours dans le hall d’un hôtel de Niamey lors de la tenue de la 47 éme session du comité des ministres des Affaires étrangères de l’OCI. Le débat avait porté sur le changement de visage de Niamey opéré en si peu de temps après la nomination du maire par le Président de la République .
Chez le Citoyen Sénégalais et chez les étrangers qui vivent parmi nous ou qui foulent pour la première fois le sol sénégalais la capitale Dakar est le plus grand fragment du miroir du gouvernement . La capitale est un patrimoine national tel quel il doit être préservé et exempté des vicissitudes politiques
La ville capitale est le visage du gouvernement . Le citoyen de Dakar la capitale vit le gouvernement à travers le chef de l’exécutif local de Dakar
Ce chef de l’exécutif « local » au regard de sa posture institutionnelle (fonction de représentation et autres ) , de sa charge de veille quotidienne sur l’amélioration des conditions de vie des populations et de fonction d’aménageur (surtout en rénovation urbaine ) de la capitale qui de fait et de droit se présente comme une collectivité hybride marquée » du sceau d’une gouvernance permanemment concertée avec l’Etat car étant paradoxalement multi niveau (local, municipal et national) doit être nommé par le Président de la République .
Eviter le chevauchement des responsabilités entre le Maire de la Capitale Dakar et les différents niveaux d’administration est un défi presque insurmontable de notre système décentralisé (les exemples sur ce point font foison) en raison d’aspects systémiques et complexes
Ce chevauchement de responsabilités inévitable en mon sens entraine une perte d’économies d’échelle et la fragmentation des politiques publiques
Ce nouveau statut de Dakar pour lequel je milite n’altère en rien la qualité de la décentralisation .au Sénégal . Le résultat global attendu de la décentralisation dépend de comment cette décentralisation est pensée et mise en œuvre .
Un examen approfondi de la mise en œuvre du troisième acte de la décentration et quel qu’en soit la porte d’entrée montre bien que la ville n’en saurait être ni une unité d’observation ni une unité d’analyse .
Le Statut de ville n’apporte aucune valeur ajoutée à la décentralisation telle que définit par le Président Macky SALL
Donc Supprimer la ville dans ce contexte est plus salutaire car cette suppression n’en altère pas moins ce que l’OCDE a appelé la géographie du mécontentement essentiellement due aux disparités territoriales via l’inéquité territoriale.
L’Etat du Sénégal travaille au quotidien à éradiquer cette géographie du mécontentement par les implications multiformes toujours sous évaluées de la diminution des différents ordres de collectivités du fait de la judicieuse communalisation intégrale
Elhadji Malick DIOP
Ingénieur statisticien Planificateur de classe exceptionnel
Ancien député maire de Tivaouane 2002-2014
Spécialiste des politiques de territoire
