Après avoir suivi l’émission L’œil du Sociologue diffusée le mardi dernier et qui traitait Le Cousinage à plaisanterie, il m’est difficile de contenir la satisfaction qui m’habite quant à la richesse et la pertinence des échanges. C’est pourquoi à travers ces quelques mots je voudrai donner mes modestes impressions.
En effet, de cette émission, j’ai beaucoup appris du cousinage à plaisanterie. Une valeur que j’ai longtemps crue une spécialité sénégalaise. J’ignorais qu’elle figurait dans le Kouroukanfouga (la charte du mandé) et qu’elle était aussi adoptée par d’autres peuples vivant hors des frontières sénégalaises (au Cameroun, au Tchad,…).
Le cousinage à plaisanterie a bien pris racine au Sénégal ; car il a été bien alimenté, entretenu par nos ancêtres qui ont vu en lui une valeur sure et indispensable à la cohésion sociale. Une valeur qui s’est transmise de génération en génération pour maintenir un vivre ensemble de bonne qualité. Hélas, les générations actuelles sont en manque de repères ; faute d’avoir eu la chance d’hériter cette valeur d’où l’instabilité dans les rapports de voisinage entre différents peuples. Nous avons été témoins ces dernières décennies d’affirmations identitaires de certains peuples influencés par des hommes fourbes et malintentionnés, pire encore, de la dangereuse immixtion de l’ethnicité dans le terrain politique. Une situation qui a perdu beaucoup de nations telles que le Rwanda, le Soudan, la République Démocratique du Congo. Fort heureusement, le peuple sénégalais, laissant hagard le monde entier, a pu traverser ces zones de turbulences tel un pilote chevronné. Mais jusqu’à quand? Si on ne prend garde, à force de jouer avec le feu, l’irréparable risque de se produire comme dans les pays précités et l’impuissance prendra le dessus sur notre résilience. Comment prévenir alors une telle situation?
Il faudra, d’abord, faire de l’école sénégalaise la fabrique du type de sénégalais. Ne pas tomber dans le piège de la mondialisation. Oui à l’ouverture, mais dans l’enracinement de nos propres valeurs. Il faudra adapter les enseignements/apprentissages avec les valeurs qui sont le fondement de notre cohésion sociale (yarr, Yiw, Yeurmande, Yeug, Fit, Jom, kersa, Soutoura). Que le sénégalais ne soit plus reconnu à travers son accent, sa morphologie, mais à travers ces valeurs qu’il a acquises dans son éducation.
Il faudra, ensuite, instituer la semaine nationale du cousinage à plaisanterie pour favoriser sa transmission, sa pratique et son ancrage dans nos actions quotidiennes. Qu’il soit pleinement vécu à travers des activités culturelles et/ou sportives (combats de lutte, matchs, danses, musique,…) et visible à travers les supports audiovisuels (spots publicitaires, radio, télé, réseaux sociaux, affiches,..)
Il faudra, enfin, veiller à une bonne répartition des populations sur l’ensemble du territoire. C’est-à-dire bannir la régionalisation culturelle et favoriser l’intégration et la connaissance de l’autre.
Merci et Vive l’émission L’œil du Sociologue
Frédéric Joël Naudin Coly
Instituteur dans l’IEF de Kolda
Etudiant en Sociologie à l’UFC de l’UNCHK