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FÊTE RELIGIEUSE ET SOCIETE SENEGALAISE

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La fête est un moment de réjouissance, de partage et de communion destinée à célébrer quelque chose : un anniversaire, la réussite à un examen un événement religieux,… Cependant, la façon de la célébrer dépend des différentes règles et normes préétablies par une société; faisant ainsi de la fête un fait social. Nous nous focaliserons dans cette étude, sur la façon dont les fêtes religieuses sont célébrées au Sénégal. Au préalable, nous tenterons de décrire la société sénégalaise dans ses rapports interpersonnels; ensuite nous identifierons la place de la religion dans la société sénégalaise.

 

 

L’hospitalité, la générosité et la fierté sont les valeurs par lesquelles l’homosenegalensis se reconnait.

En effet, quand on parle du sénégalais, la première chose qui nous vient à l’esprit est la « Teranga » ; c’est-à-dire l’hospitalité. L’hospitalité est une valeur qui fait l’identité du sénégalais. Celui-ci se soucie du bien-être de l’étranger au point de s’oublier lui-même. Que l’étranger ou l’invité se sente bien chez lui et lorsqu’il s’en ira qu’il soit toujours nostalgique du séjour. Cette hospitalité est mue par une générosité incontestable. Rarement, pour ne pas dire jamais, qu’un étranger ou un invité ne s’en va sans être alourdi par des présents communément appelés « Charité ». Il donne plus qu’il ne reçoit.

En plus d’être hospitalier et généreux, le sénégalais est aussi quelqu’un de fier. Il réprouve le déshonneur, l’humiliation. C’est pourquoi il met sa fierté au-devant de tous ces actes. Ainsi, ses prouesses seront chantées dans toutes les contrées au fil des années. Les griots qui font partie du décor de toute festivité sont une parfaite justification. Le sénégalais prend toujours en compte l’avis ou l’opinion des autres sur sa façon de faire. On baigne dans l’ostensoir. Que dira-t-on? Qu’en penseraient les autres? Est-ce valorisant? Telles sont, entre autres, les questions qu’il se pose quotidiennement.

Le sénégalais est aussi  très pieux. La devise du Sénégal, « Un peuple, Un but, Une foi », le montre bien. La vie quotidienne des sénégalais est rythmée par les prières et les dévotions. La foi à un Dieu ou à une puissance au-dessus de tous se concrétise par la multitude de lieux de culte à travers toutes les agglomérations mais aussi par les fêtes ou événements religieux qui ne manquent jamais. En effet, la religion constitue un des piliers sur lequel repose sa stabilité sociale. La fête permet de manifester la considération que l’on a de l’autre. Elle favorise la cohésion entre les populations sénégalais malgré leur diversité. Les religions prônent la solidarité, la tolérance, la justice, l’amour du prochain. Des valeurs qui ne lui sont pas étrangères car elles ont précédé les religions au Sénégal. Mais le sénégalais les vit comme si elles étaient l’apanage de la religion. Toute bonne œuvre ou acte de bienfaisance est assimilé à une  recommandation  religieuse. Servir du « Ngalax » aux voisins ou aux proches le Vendredi Saint chez les chrétiens en est une illustration. Le « Sukaru Koor » et le «Tajabon» sont aussi des exemples de pratiques plus traditionnelles que religieux chez les musulmans. Les plats bien garnis servis aux voisins et amis lors des fêtes religieuses telles que la Tabaski ou la Korité en font partie.

Cependant, les fêtes, surtout et paradoxalement celles religieuses, coûtent chers aux sénégalais. La religion recommande la sobriété mais le sénégalais, compte tenu de sa nature, ne fait pas dans la dentelle. Il faut que les proches, les voisins ou les beaux-parents soient impressionnés par sa capacité d’organiser une quelconque manifestation. La récompense attendue, c’est d’être témoin de l’ahurissement et de l’émerveillement des invités face à ce qui leur est présenté ou offert. La personne démunie se donnera tant bien que mal les moyens pour célébrer de la même manière que celui à qui la vie à souri. Pour le sacrifice d’Abraham, la Tabaski, l’animal à immoler est choisi suivant plusieurs règles. Par exemple s’acquitter du devoir en choisissant une chèvre à la place du bélier.  Pour le mariage chrétien, la réception d’invités dans un cadre de huppé reste incontournable. Le côté vestimentaire, n’est pas en reste. Il faut s’habiller différemment ; c’est-à-dire comme une personnalité de la haute société.

Par conséquent, des activités économiques florissantes se développent dans cette situation: le commerce, la couture, le transport. L’ambiance des marchés à la veille des fêtes le démontre parfaitement. Les boutiques et étales sont pris d’assaut. Les tailleurs sont débordés par les commandes et peinent à respecter leurs engagements. Les gares routières ne désemplissent pas et ne garantissent pas à tous la chance de pouvoir voyager. Dans tous cas, l’offre reste inférieure à la demande occasionnant une hausse vertigineuse des prix des services et des denrées. Les pères de famille et les épouses se démènent tous partout à la recherche de compromis pour échapper au déshonneur. Bienvenu le stress, mais cette peine en vaut la chandelle. Lorsque tous seront bien séduits par le résultat de tout ce labeur, on bombera la poitrine et la tête bien haute comme un élève fier d’avoir réussi à son examen.

 

 

 

Tout compte fait, nous retiendrons que la fête religieuse au Sénégal revêt une dimension toute particulière. Elle est conditionnée par certaines valeurs ancrées dans la vie quotidienne du sénégalais. Il s’agit de l’hospitalité, la générosité et la fierté. Le sénégalais est d’une piété incontestable mais la ligne de démarcation entre la religion et les coutumes est parfois très fine ou bien même imperceptible. On a souvent du mal à dissocier ces deux concepts dans leurs pratiques. L’un n’empêche pas l’autre d’exister ; ils cohabitent même si le traditionnel prend parfois le dessus. C’est pourquoi, la fête bien que religieuse devient pesante et budgétivore.

Si le sénégalais se conformait aux recommandations religieuses qui prônent la sobriété, il y gagnerait davantage.

 

 

Frédéric Joël Naudin Coly

Instituteur dans l’IEF de Kolda

Etudiant en Sociologie à l’UFC de l’UNCHK

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