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FUITE DES CERVEAUX : LE PROFESSEUR DAOUDA NDIAYE APPELLE LES ÉLITES À RENTRER AU BERCAIL POUR CONSTRUIRE LE PAYS

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Thiès, 19 avr (APS) –
Le professeur Daouda Ndiaye, chef du département parasitologie et mycologie de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, a lancé vendredi un appel solennel à l’endroit des élites sénégalaises vivant à l’étranger, leur demandant de rentrer au bercail pour contribuer à la construction de leur pays.

« Je demande solennellement à tous mes compatriotes qui ont aujourd’hui des compétences au plan international, de revenir et ensemble, nous allons construire le Sénégal », a dit le professeur Ndiaye.

Il s’adressait à des journalistes à Thiès, en marge d’une rencontre lors de laquelle son mouvement Actions primait les 400 meilleurs élèves de la ville pour l’année scolaire 2017-2018.

« Si nous avons reçu une bonne éducation, c’est parce qu’il y a des parents, des Sénégalais qui ont contribué, de par leurs taxes, à notre formation », a-t-il relevé.

Pour lui, si grâce à ce soutien, l’on parvient à se hisser parmi les personnalités les plus importantes dans son domaine à l’international, « on aura failli à (sa) mission, (et) malheureusement, on n’a pas pu payer la dette » due à son pays, si on le quitte pour des propositions à l’étranger.

« Je ne suis pas du tout d’accord avec la fuite des cerveaux. Il faut que les gens restent ici, qu’ils puissent participer, eux aussi, à l’encadrement des jeunes, au développement du pays », a-t-il martelé, avant de s’interroger : « Si les meilleurs partent, qui fera ce pays ? »

Le professeur Ndiaye, par ailleurs chef du laboratoire de parasitologie et mycologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, a souligné la nécessité pour les élites intellectuelles de partager avec leur pays le savoir acquis et de contribuer à l’encadrement des autres, sans lesquels « rien ne pourra se faire ».

L’universitaire dit toutefois « comprendre » certains qui « préfèrent partir pour monnayer leurs talents et gagner beaucoup plus d’argent pour leur famille », vu que « parfois, les moyens ne suivent pas » et compte tenu de certaines conditions difficiles.

« Si on va à l’étranger pour monnayer notre talent, on réglera un problème de famille, mais on ne règlera pas le problème du pays », a-t-il poursuivi, estimant que « le plus important, ce n’est pas un problème de famille, mais un problème de nation ».

Le professeur Ndiaye, un natif de Pikine qui a grandi à Guinaw Rail, dans la grande banlieue dakaroise, est un produit de l’école publique sénégalaise, d’où sa « dette envers le Sénégal ».

« Tout mon cursus, je l’ai fait dans le public », a-t-il dit, ajoutant que c’est en classe de seconde, au lycée Limamoulaye de Pikine, qu’il a obtenu une bourse d’excellence.

Depuis 2017, il officie en même temps comme expert du panel certification élimination du paludisme de l’OMS.

Après un Diplôme d’études approfondies (DEA) en biologie animale à la Faculté des sciences et techniques de l’UCAD, en 2003, il obtient une bourse d’études de formation en biologie moléculaire et générique infectieuse pour l’université de Harvard.

Depuis 2010, il est professeur chercheur associé au département d’immunologie et des maladies infectieuses de santé de l’école de santé publique de cette université américaine.

Le professeur Ndiaye est le premier africain élu au conseil exécutif américain de la Société savante en médecine tropicale et d’hygiène. Il est aussi lauréat 2016 du grand prix européen de l’innovation biologique, grâce au test « illumigene malaria » qu’il a inventé, un test permettant de détecter des parasites dans le sang.

Il a animé des conférences à travers le monde et est l’auteur de centaines de publications dans les revues scientifiques internationales.

Le professeur Daouda Ndiaye a été nommé en octobre dernier conseiller spécial à l’Université Harvard de Boston, aux Etats-Unis, après avoir été invité aux Etats Unis par la Fondation Bill et Melinda Gates pour discuter des grandes stratégies pour l’éradication du paludisme dans le monde.

C’est au cours de ce séjour que la proposition d’occuper le poste de conseiller spécial à l’Université Harvard lui a été faite. Il devient ainsi le premier Africain nommé à ce poste, avec comme mission de « proposer les meilleures stratégies en matière d’enseignement, d’innovations stratégiques et technologiques pour l’éradication du paludisme ».

A l’échelle nationale, il a été fait « Diambar » de la lutte contre le paludisme par le ministère de la Santé en 2014.

La promotion 2019 de la Faculté de médecine de l’UCAD l’a choisi comme ambassadeur. Il a encadré une centaine de thèses de doctorat.

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