Birame Soulèye DIOP Pastef Thiès : Sommes-nous réellement indépendants
« La célébration du 57ième anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale doit être l’occasion d’apprécier le bilan de 57 ans de souveraineté. Elle doit nous amener à nous poser la question de savoir si réellement nous sommes indépendants». Telle est la conviction de M. Birame Soulèye Diop secrétaire exécutif et coordonnateur départemental du parti Pastef à Thiès.
Entretien
Cilweb.com : M Birame Soulèye Diop, que vous inspire la célébration de la fête de l’indépendance ?
B.S.Diop : Je voudrais d’abord rendre hommage aux hommes et femmes qui du matin au soir, font du Sénégal ce qu’il est. Je parle globalement des médecins, des militaires, des enseignants, des policiers, de tous les fonctionnaires et de ceux qui dans le privé se réveillent chaque matin pour faire du Sénégal une grande nation. Au-delà de cette question, notre premier souci est de faire un bilan de 57 ans d’indépendance de voir si, dans notre vie quotidienne, notre relation avec l’extérieur, on sent la souveraineté parce que la souveraineté sans la possibilité d’être libre par rapport au monde extérieur pose problème tout comme elle pose problème quand on ne l’administre pas de l’intérieur.
Voulez-vous dire que nous ne sommes pas vraiment indépendants ?
A notre avis, la souveraineté est d’abord économique parce que nous vivons, travaillons, utilisons une monnaie qui est garantie par la France et qui depuis 57 ans, ne nous a pas aidé à aller de l’avant. Pendant tout ce temps, nos autorités politiques n’ont pas voulu poser la question de la souveraineté monétaire qui est le premier déterminant de la souveraineté politique et économique. Il nous faut donc poser ce débat là pour voir si effectivement cette monnaie nous permet d’exprimer notre volonté économique. Il faut admettre que notre pays est retourné dans les liens de la détention économique par l’occident. Aujourd’hui tout ce qui se lance comme projet politique, économique, comme chantiers et infrastructures sont détenues par des étrangers. Toutes les banques sont également contrôlées par des étrangers à quelques exceptions près. C’est comme si le Sénégal ne regorgeait pas de personnes de valeurs capables de porter son développement.
Selon vous, que doit être la fête de l’indépendance ?
Notre 04 Avril ne doit pas être un moment de bilan administratif, politique et économique, mais une occasion de nous poser la question de savoir : on fête une indépendance, somme nous réellement indépendants politiquement et économiquement. Aujourd’hui, nos terres sont en train d’être cédées à de puissants agro-industriels étrangers qui rapparient tous les bénéfices dans leurs pays. On leur offre tout notre potentiel minier, agricole et infrastructurels alors qu’en échange ils snobent la main d’œuvre locale au profit de celle de leur pays. De quelle souveraineté parlons-nous alors? Il ne s’agit pas pour nous de jeter l’opprobre sur qui que ce soit mais juste de poser un débat constructif qui implique la responsabilité de quatre président qui se sont succédés au Sénégal.
Quelles solutions propose le parti Pastef
Notre solution est d’amener le Sénégal à créer une bourgeoisie industrielle locale forte. Il s’agit de créer des forces économiques nationales dans l’industrie. Vous avez beau analyser le Plan Sénégal Emergent, mais il n’y a pas de volet industriel. Comment voulez-vous qu’un pays se développent avec l’importation et avec le commerce alors qu’l n’y a pas d’industrie. Ils vont surement nous parler de l’agriculture mais notre conviction est que l’industrie est fondamentale pour la transformation. Nous sommes d’avis que tous les grands projets économiques doivent être prioritairement confiés à des Sénégalais parce que nous avons formé de bons ingénieurs, des médecins, des techniciens et tout ce qu’il faut de ressources humaines pour administrer tous ces projets ?
On ne doute pas que les Sénégalais ont toute la matière grise requise pour porter les grands projets de développement, mais pensez-vous qu’ils ont la capacité financière de réaliser ces projets ?
Vous savez, le rôle de l’état c’est d’aider à la création de cette bourgeoisie industrielle Sénégalaise. Prenons l’exemple de la confection de la carte d’identité biométrique allouée à Bic Togo qui a gagné 12 milliards sans exécuter le projet alors qu’au Sénégal il y’a des gens capables de mettre en œuvre ce projet. Nous avons toutes les compétences mais il faudrait juste à mon avis que l’état ait la volonté d’accompagner les Sénégalais qui ont l’ambition, la connaissance et le savoir et qui n’ont pas fini de montrer qu’ils aiment le Sénégal.
Fatima E. Ndione
Voilà une question pertinente qui mérite qu’on s’y arrête. Pour moi, la réponse est : nous n’avons jamais aussi dépendants qu’aujourd’hui. J’ai cependant l’espoir que tout n’est pas perdu et que si nous avons des gouvernants dignes et qui refusent de courber l’échine devant l’occident, il est possible qu’un jour nous soyons indépendants