Chronique de Babs : Le mensonge, source de toutes les dérives
Le coronavirus est entrain de mettre à nu le mensonge érigé en stratégie politique et de gouvernance par les hommes politiques au Sénégal. Une gangrène sociale qui tend vers une septicémie qui risque d’emporter la stabilité légendaire de notre pays.
Or, quand l’écrasante majorité des sénégalais n’a plus confiance à une classe politique qui, dans tous les domaines d’activités, préfère noyer le poisson dans un débat ou plutôt une cacophonie, il y a de quoi avoir peur. Ce brouhaha entretenu à dessein dans l’espace public pour brouiller les pistes, au lieu d’apporter des réponses claires aux interrogations du citoyen, est inadmissible dans une république.
Qu’il s’agisse des contrats signés dans le pétrole, l’électricité ou entre autres marchés accordés dans des conditions certifiées, le plus souvent, illicites par les corps de contrôle de l’Etat, la communication mensongère a toujours laissé les citoyens sur leur faim.
Aujourd’hui, l’overdose est atteinte. Ceci, à tel point que même si les autorités font l’effort de dire la vérité aux sénégalais, ces derniers considèrent cela comme un Fake news.
Cette confiance rompue entre les populations et ses leaders politiques est la porte ouverte aux dérives. L’attitude de défiance du Khalife de Léona Niassène, suite à la convocation à la police de Kaolack de l’Imam de la mosquée pour avoir dirigé la prière du « Dioumah » s’inscrit dans ce sillage.
Car, lorsque le Covid 19 s’est signalé à Touba, le gouvernement a saisi les chefs religieux pour expliquer les risques encourus par les fidèles en se rassemblant dans les mosquées pour prier.
Et en toute sagesse, des grandes familles religieuses du pays n’ont pas prié le vendredi suivant le « Dioumah ». Et c’est ce même vendredi que les sénégalais ont aperçu Mahammad Boun Abdallah Dione, émissaire du président de la République, prier à Touba.
Cela a soulevé une véritable levée de bouclier dans l’opinion. Pour toute réponse le chef de l’Etat décrète l’Etat d’urgence avant le vendredi suivant. Une décision perçue comme une manière de couper l’herbe sous les pieds des autres musulmans qui voulaient emboîter le pas à Mahammad Boun Abdallah Dionne.
Pour avoir cherché à couvrir son émissaire sur cette bourde, le président Macky Sall a fait preuve de légèreté.
Aujourd’hui, cette graine de l’incohérence semée par son émissaire à Touba risque d’installer, si l’on ne fait pas preuve d’intelligence et de tact, notre pays dans une fracture sociale qui pourrait être lourde de conséquences.
Dans presque tous les pays africains, les forces obscures ont joué sur la fibre ethnique pour les déstabiliser. Au Sénégal, elles ont toujours tenté avec les confréries, sans succès. Mais, avec les maladresses commises au plus haut niveau dans la gestion sociale du Covid 19 ; les sénégalais se doivent d’abord de prier pour la sauvegarde de la paix sociale et pour ensuite conjurer la pandémie.
Le mensonge étant la source de toutes les dérives, le prophète Mouhamed a juré qu’un Musulman ne ment jamais. Comme pour dire que ceux qui s’y adonnent ne font pas partie des miens.